Trois en un- bonne fête Papa

Il y a dix jours, nous commémorions les soixante-quinze ans du débarquement.

Il y a une semaine, nous fêtions l’ouverture de la coupe du Monde de Football féminine.

Aujourd’hui, nous fêtons les pères, nos pères.

Alors, aujourd’hui, ce sera trois articles en un.

Il est étonnant de dire que la guerre a été une chance, parce que la guerre n’amène, en général, que souffrance et chagrin. Pourtant, sans la guerre, mon père se serait retrouvé à l’usine, une fois son certificat d’étude en poche.

Seulement la guerre est arrivée. Alors qu’il avait commencé à travailler à l’usine Augustin-Normand, au Havre, celle-ci fut fermée et mon grand-père se retrouva avec un jeune de seize ans à occuper. Il connaissait le surveillant général de l’école pratique, un vétéran de la première guerre, qui lui avait coûté son bras. Celui-ci lui conseilla de lui “envoyer le gamin pour voir ce qu’il avait dans le ventre”.

Visiblement, ce qu’il vit lui convint, car mon père commença alors des études pour être mécanicien de la marine marchande. La guerre dura.

La ville du Havre fut évacué en partie et devient ville interdite. Mon père resta seul sur place, le temps de passer ses examens, pendant que la famille se réfugiait à Pont-Audemer.

En août 1943, diplômes en poche, il partit rejoindre sa famille. Mais celle-ci était reparti pour s’installer à Bernay. QU’à cela ne tienne, mon père, sportif depuis toujours, retrouva des copains de sport et intégra, par la même occasion, l’équipe de foot de Pont-Audemer, le Cercle Athlétique de Pont-Audemer.

Pont Audemer 1944

Cercle Athlétique de Pont-Audemer – 1944

?, ?, G. Lubin, Edmond Duteil, Achille Fontaine, ?, ?

Toutous, Jacques Lescène, ?, ?, André Tantay, Gence

L’équipe lui trouva un petit boulot et un logement. C’est là qu’il se trouvait lorsque le débarquement eut lieu, et les bombardements.

Pont-Audemer subit, comme de nombreuses communes de Normandie, un déluge de feu venu du ciel.

Le 26 août 1944, la ville est libérée. Mais avant, il y a eu les bombardements.

Pont-Audemer-aout44-2

 

Pont-Audemer : Les bombardements du 10 juin 1940 au 26 août 1944.

A Pont-Audemer une conférence a eu lieu sur le thème : Les bombardement de Pont Audemer et sa région du 10 juin 1940 au 26 août 1944. Extrait du journal l’Eveil de Pont-Audemer L’association Mémoire § histoire abordera dans son diaporama commenté et suivi d’un débat.

http://memoireethistoire.com

 

Jacques fait ses courses et entre dans une épicerie, au rez-de-chaussée d’un immeuble. Ce dernier lui tombe dessus et il se retrouve sous les décombres.

Ses copains du foot le savent là. Ils déblayent les ruines et finissent par le retrouver, un peu esquinté quand même, mais vivant. Les autres personnes présentes avec lui s’en tirent aussi. Pas les habitants des étages.

La guerre lui permettra d’apprendre un métier, le foot lui sauvera la vie.

Pour la petite histoire, son père apprenant les bombardements, pris un vélo pour rejoindre Pont-Audemer. A mi-chemin, il rencontra une connaissance qui lui appris la mort son fils. OK, il fit demi-tour et rentra à Bernay.

Plusieurs semaines plus tard, après sa sortie de l’hôpital, Jacques s’y rendit pour voir les siens, qui l’avaient déjà virtuellement enterré. Autant dire que les relations entre le père et le fils, déjà difficiles, ne furent pas améliorées. Quel père, apprenant la mort de son enfant, fait demi-tour sans vérifier, sans essayer de récupérer son corps, pour qu’il soit inhumé dignement ? Mais c’était la guerre.

Jacques fera tout le contraire pour ses propres enfants. Il ne les lâchera jamais et les fera toujours passer avant tout.

Bonne fête Papa

Et merci pour tout ce que tu as fait pour nous

 

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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Un commentaire

  1. Je suis très émue et touchée par cet article ! Quelle histoire ! J’ai remarqué que, parfois, quels que soient nos parents, nous sommes ce que nous sommes grâce (à cause de pour certains). Et, en cela, je peux remercier mon père Comme le tient pouvait remercier le sien…

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