Jeanne Marie Amicel et Joseph Closier
Voilà Jeanne Marie Amicel qui se retrouve seule avec un bébé à élever. Voir l’article précédent sur le destin de Jeanne Marie La jeune femme va rester seule jusqu’au 20 juillet 1909, date à laquelle elle épouse Joseph Closier, à Pleboulle. Il a trente ans, elle en a vingt-cinq.
Le jeune homme est de Pleboulle, mais aussi de la famille de Jean Marie Germain. Sa grand-mère est une Charlot. Les deux hommes sont donc cousins issus de germain. Joseph, ou plutôt Joseph Marie Jules Esprit, est né le 23 mars 1879, à Pléboulle.
Le père, Jules Auguste, est journalier. Avec sa femme, Elisabeth Sicot, ils vont avoir cinq enfants. Joseph est l’aîné. Il est suivi par Jules Auguste Joseph, en 1880, Emilie Marie Françoise, en 1882, Louis Marie Alexandre, en 1884 et de Emile Joseph Jules, en 1896. Elisabeth, la mère, décède la première, le 3 décembre 1896. Joseph a alors dix-sept ans. Son père meurt trois ans plus tard, le 29 juin 1899.
Joseph Marie Jules se retrouve ainsi aîné d’orphelins. En 1906, il travaille comme domestique chez Jacques Outy, à peine plus âgé que lui. Son frère Emile, dix ans, et sa sœur, Emilie, vingt-quatre ans, vivent au même endroit. Emile, c’est le petit dernier. Il a dix-sept ans de moins que l’aîné, douze de moins que Louis, qui le précède. Cette charge familiale le dispense du service militaire complet. Il ne fait qu’un an.
Il épouse Jeanne Marie le 20 juillet 1909, et ils ont une fille, Maria Joseph, le 11 avril 1910.
La Guerre
Joseph n’est pas marin. Pas de risque de naufrage. Il est cultivateur. La terre, c’est sur, c’est moins dangereux.
Sauf que……….. le 2 août 1914, c’est la mobilisation générale. C’est la guerre. Joseph part le 7 août 1914 et intègre le 164e régiment d’infanterie. Jeanne Marie se retrouve de nouveau seule, avec deux enfants, de huit et quatre ans.
Ont-ils échangé de nombreuses lettres ? Ou quelques cartes postales ? Joseph va faire toute la guerre.
Le destin s’acharne sur Jeanne Marie. Comme son premier mari qui a survécu au naufrage, aux jours d’errance en pleine mer, pour mourir, alors qu’il était sauvé, Joseph va faire toute la guerre, pour mourir dans les derniers jours, le 28 septembre 1918.
Il est tué au combat de la ferme Colombe, dans l’Aisne. Enfin, plutôt porté disparu, car il faut un jugement, le 26 juillet 1921, pour que sa mort soit effective. Voir sa fiche sur Mémoire des hommes
Comme pour son premier mari, enseveli en mer au large des Açores, Jeanne Marie saura où est le corps de Joseph, mais il ne lui sera pas rendu. Joseph est d’abord inhumé à Jouy. Son corps est ensuite transféré au cimetière de Vailly-sur-Aisne, le 7 juillet 1920.
La mer lui a pris son premier mari, la France lui prend le second. Son nom est gravé au côté des autres Morts pour la France, sur le monument de Pleboulle.
Troisièmes noces
Jeanne Marie va se marier une troisième et dernière fois, le 28 avril 1921, soit trois mois avant le jugement de décès de son second mari. Elle épouse Alfred Pierre, un terrien. Il est de l’âge de son premier mari. La guerre, il l’a faite du 6 août 1915 au 8 mars 1919, à l’intérieur.
Ils vont vivre à Pléboulle avec les enfants de Jeanne Marie, à Montbran. En 1931, le couple élève le petit-fils de Jeanne Marie, Olivier Closier, âgé de trois ans. Dans la maison d’à côté, vit sa sœur jumelle, Marie Amicel, avec sa famille. En 1936, ils sont toujours là.
Jeanne Marie décède quatre ans plus tard, le 10 mars 1940, à Pléboulle. Alfred lui survivra quinze ans. Celui-là, ne l’a pas laissée avec des enfants en bas-âge à élever. J’espère même qu’ils reposent ensemble au cimetière.
Je sais depuis longtemps que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais la vie de Jeanne Marie, la petite bretonne orpheline, ressemble plus à la mer, imprévisible et souvent cruelle qu’à un fleuve.
C’était la vie de Jeanne Marie, à travers les actes accessibles en ligne.