La guerre de 1870 a sévi dans le Loir-et-Cher. Beaucoup de soldats sont morts lors des combats ou des suites de leurs blessures. Certains ont été identifiés, d’autres non.
Lorsque les combats ont cessés, même pour quelques heures, les corps des soldats tués au combat ont été ensevelis sur place, au mieux dans les cimetières, au pire dans des fosses sur le champ de bataille. Il n’y a pas toujours de noms accolés à ces tombes. Il n’y a parfois qu’un nombre, le nombre de corps qui y gisent.
La préfecture souhaitant recenser ces lieux “officiels” de sépulture, a adressé à toutes les mairies, un formulaire à remplir sur le sujet, en 1922 !! Il était temps, au lendemain d’un conflit qui a fait encore plus de morts !! Ou, au contraire, était-ce l’effet 14-18 qui a fait prendre conscience de ce vide sur 1870 ?
Le formulaire comprenait trois colonnes principales : Grands ossuaires construit par l’état, monument, tombes individuelles ou simple concession dans les cimetières. A chacune de ces colonnes correspondait deux sous-colonnes : nombre, emplacement.
La ville de Blois a déclaré, quatre ossuaires : un de 6mx4m, dans le cimetière de la ville, contenant 273 corps de soldats français, un de 2mx1.50m dans le cimetière de Vienne, contenant seize corps de soldats français,, un de 4mx2.50m de 103 corps de soldats allemands dans le cimetière de la ville, et un de 2mx1m contenant dix corps de soldats allemands, dans le cimetière de Vienne.
Dans le cimetière de la ville, a été érigé par le souvenir français, avec le concours de la municipalité, un monument en l’honneur soldats morts aux ambulances de la ville, à l’emplacement des corps, en 1903.
Que sont devenus ces tombes ?
Le monument érigé en 1903 est toujours là. Il y est indiqué trois cent corps. D’où viennent ces surnuméraires ?
L’emplacement de la tombe allemande semble correspondre aux dimensions de 1922, mais pas le nombre des morts.
Là, il y en a moins, seulement 88 au lieu de 103.
Aurait-on identifié, après 1922, des soldats français parmi les soldats allemands ?
Peu de chance. Il aurait fallu exhumer les corps de la fosse commune après 1922.
Qui aurait voulu faire cela après plus de cinquante ans ?
Cette histoire de nombre de corps me rappelle le film “la vie et rien d’autre” avec Philippe Noiret, sur la guerre de 14. Le nombre de corps ne correspondait pas au nombre officiel des morts. Il y en avait plus.
Pour le cimetière de Blois Vienne, j’ai bien trouvé le monument pour les soldats français. Ceux-là sont morts lors des combats à Blois, et non dans les ambulances.
L’emplacement de la tombe allemande contenant dix corps est également toujours là.
Alors, comment trancher ? Comment savoir combien de soldats sont inhumés dans ces fosses communes ? Est-ce réellement important ?
Parler de chiffre semble tellement dérisoire à côté du sacrifice de ces hommes, quelque soit leur nationalité.