Le dimanche 8 décembre 1878, Etienne Mandard, vingt-neuf ans, vigneron à Saint-Romain-sur-Cher, ayant tué un porc, convie à un repas sa famille, composée de Jean Baptiste Mandard, son père, soixante-neuf ans, Eugène Mandard, son frère, trente-deux ans, Léon Mandard, son frère, trente ans, Jean Gautrat, son beau-frère, trente-six ans, Léontine Mandard, femme de Jean Gautrat, vingt-sept ans, sa soeur, Eugénie Mandard, vingt-quatre ans, Simon, beau-père d’Etienne Mandard et Charles Simon, oncle par alliance d’Etienne.
La soirée ayant commencé à sept heures, vers onze heures, après le repas, le père d’Etienne, un peu aviné, s’en prend à son fils Eugène. Il le traite de fainéant, l’accusant de ne pas cultiver ses terres. Évidemment, Eugène n’apprécie pas et riposte en traitant son père de vieille bête, vieil animal, et d’autres noms d’oiseaux sûrement tout aussi gentils lorsque Jean Gautrat, le beau-frère, s’en mêle. Il reproche à Eugène la manière dont il parle à son père et la dispute commence entre eux au point d’en venir aux mains. Les autres hommes interviennent pour empêcher la bagarre et à ce moment-là, sans que personne ne se soit rendu compte de quoique ce soit, Jean Gautrat s’écrie : “je suis un homme perdu, il m’a crevé le ventre”. Il déboutonne son pantalon et son caleçon et fait voir au bas-ventre, un trou par lequel le sang s’écoule.
Eugène quitte la maison sans rien dire pendant que l’on appelle le médecin. Le docteur Boncour, voyant la gravité de la blessure fait envoyer un collègue.
Le dix décembre, le maire informe la gendarmerie des faits. Felix Alexandre Kecy, maréchal des logis et Pierre Frédéric Coustaury, gendarme à cheval à la résidence de Saint-Aignan, se rendent sur les lieux pour interroger les témoins. Les médecins refusent qu’ils interrogent le blessé, vu son état.
Ils se rendent au domicile d’Eugène qui les attend. Eugène à trente-deux ans. Il est marié, père de deux enfants, vigneron à Saint-Romain-sur-Cher. Il reconnaît être l’auteur de la blessure, mais indique que ce dernier a essayé de l’étrangler. Il leur donne le couteau. Il a essayé de le brûler et de casser la lame, parce qu’il ne voulait plus le voir. Eugène est arrêté pour tentative de meurtre, et conduit à la chambre de sûreté. Il doit être transféré à Blois, devant le procureur de la République.
Les vêtements de la victime sont également saisis, pour l’expertise.
Jean Gautrat décède le 18 décembre. Ce n’est plus une tentative, c’est un meurtre. Mais la justice trouve visiblement des circonstances atténuantes à Eugène, car il vit toujours à Saint-Romain-sur-Cher où naissent ses enfants en 1880, 1882 et 1884.
Sa soeur Léontine, vingt-huit ans, reste seule avec trois enfants de dix à quatre ans.