Quelle année !!!! 1720 avait pourtant bien commencé. La paix est enfin signée avec la Grande-Bretagne et l’Espagne. Le petit roi Louis XV est bien jeune encore, mais le Régent est là pour veiller à la sécurité du royaume. Seulement voilà que l’idée de se débarrasser de l’argent métallique et de le remplacer par de l’argent en papier vient d’arriver avec Law, devenu contrôleur général des finances. Et c’est le grand bazar qui s’installe dans les rues et les mentalités, du moins, dans les villes.
Adrien Lelièvre est bien loin de ces remue-ménages financiers. Sait-il qu’il se marie le même jour que la fille du Régent, Charlotte-Aglaé. Elle épouse le fils aîné du duc de Modène, François Marie d’Este, le 12 février.
Les noces d’Adrien sont moins prestigieuses. Il épouse Magdeleine Pain, le même jour, à Bernières, en Normandie. C’est dans cette paroisse que le couple s’installe ;
Pendant ce temps-là, la crise financière grandit dans le royaume de France.
Le 3 mai, un règlement va changer la vie d’Adrien et de bon nombre de français. Les grands-chemins vont être élargis à soixante pieds (plus de dix-neuf mètres) et des arbres vont être plantés le long de ces routes modernisées. Cela va donner du travail aux journaliers et améliorer la circulation sur les grands axes. Imagine-t-il, Adrien, que près de trois siècles plus tard, ces routes devenues nationales seront toujours bordées d’arbres ?
Heureusement, l’arrivée de l’été met fin à cette hérésie de papier monnaie et l’on frappe de nouveau, des monnaies métalliques. Les espèces seront de nouveau sonnantes et trébuchantes. Quelque chose me dit que pour Adrien, cela a toujours été le cas. Ce n’est pas la fin de la crise du papier monnaie, mais le début de la fin.
En attendant, une nouvelle catastrophe, non plus financière mais humanitaire, frappe la France. Le « Grand
Saint Antoine » est arrivé à Marseille, et le 14 juin, la peste débarque avec son équipage, se répand dans la ville et s’étend sur la Provence, le Comtat-Venaissin et le Gévaudan. Plus de 120 000 français vont y perdre la vie, dont près de la moitié, dans la seule ville de Marseille. De grand travaux sont entrepris pour isoler les régions atteintes par la peste : un mur est construit, le mur de la peste.
Mais Marseille et le Sud de la France, c’est bien loin pour Adrien. Il est jeune marié maintenant et dix mois plus tard, le 20 décembre, sa femme, Magdeleine met au monde une petite fille, Marie Magdeleine.
Il est décidément dit que 1720 n’est pas une bonne année. Le 23 décembre, la ville de Rennes est la proie des flammes. L’incendie dure une semaine et détruit la ville.
Une catastrophe bretonne dont Adrien n’a que faire, rejoint une catastrophe personnelle plus dramatique pour lui. Huit jours après avoir mis au monde sa fille, Magdeleine décède, laissant son époux seul, avec un nourrisson à élever. Les chances de survie de ce dernier sont quasi nulles. Comment la petite Marie Magdeleine pourrait-elle survivre à sa mère ? Pourtant, Adrien trouve une bonne nourrice pour sa petite.
Il ne se remarie pas aussitôt, comme le font les hommes d’ordinaire. Il tenait trop à sa femme pour la remplacer si vite. Et Marie Magdeleine vit, petite normande vigoureuse et en bonne santé.
Après trois années de veuvage, Adrien se remarie. Veut-il donner une mère à sa petite de trois ans ? Ou bien est-il de nouveau amoureux ?
Le 26 janvier 1723, Adrien épouse Elisabeth Gruchet, à Bernières, et deux ans plus tard, le 22 juin 1725, une petite Catherine naît dans leur foyer. Marie Magdeleine, cinq ans, est devenue une grande sœur. Il n’y aura pas d’autre enfant.
La naissance de Catherine annonce les émeutes en Normandie. Les mauvaises récoltes ont fait grimper les prix et le pain manque. Décidemment, les catastrophes ne sont jamais loin des bonnes nouvelles. Mais la vie continue, avec ses hauts et ses bas. Les petites filles grandissent.
Adrien décède le 5 août 1746, à l’âge de cinquante ans. Il a élevé ses deux filles, les a vu grandir et devenir des femmes, mais il décède avant de les avoir menées à l’autel. Marie Magdeleine se marie un an après, le 22 août 1747, avec Jacques Gingué. Elle a vingt-six ans. Sa belle-mère, Elisabeth Gruchet, ne survit pas longtemps à son époux. Elle décède le 17 janvier 1748.
Catherine attendra d’avoir trente-cinq ans, pour se marier, le 9 novembre 1760, avec Pierre Fenetre. Son beau-frère, Jacques Gingué, est là.
J’aime beaucoup cette façon de resituer les événements dans leur contexte historique. Très instructif, ce calendrier de l’Avent est aussi très agréable à lire !
Merci, j’avoue que je m’amuse beaucoup à le faire, même si certains jours sont plus compliqués. Pour la chronologie, je m’appuie sur “le journal de la France et des Français de Clovis à 2000”