Alors que l’armée prussienne avance à grand pas, le 22 novembre 1870, ils envahissent le sud de l’Eure-et-Loir. Les six hommes composant la brigade de gendarmerie de la Bazoche-Gouet, suivant les ordres, se replient en direction de Mondoubleau. Ils sont rejoint, sur le chemin, par trois gendarmes venant d’Illiers, dont la résidence est aux mains de l’ennemi.
Après avoir traversé Arville et Saint-Agil, ils atteignent le bourg de Choue et se retrouvent face à la garde nationale, armée, sous les ordres de M. de T…, son capitaine. Et là, le ciel leur tombe sur la tête !!! Le capitaine de la garde nationale les arrête au motif qu’ils sont des Uhlans déguisés !!! Il ne vérifie ni leurs papiers, ni leurs bagages, il n’en démord pas, ce sont des uhlans.
Pourtant, l’instituteur du village a reconnu un des prisonniers, une vieille connaissance, de la brigade d’Illiers. Mais rien n’y fait et ils sont emmenés sous bonne garde à Mondoubleau. Là, l’annonce de la capture de neuf prussiens est annoncée. On les fait défiler devant la foule qui les insulte et menace même de les fusiller.
Ils sont enfermés dans la caserne de la brigade. Le juge de paix, le maire de Mondoubleau, examinent enfin leurs livrets militaires et devant en plus, les affirmations du brigadier de gendarmerie de la ville qui en connaît personnellement deux, leur identité est enfin reconnue.
Pourtant, leur calvaire ne s’arrête pas là. Ils sont maintenus enfermés dans une chambre sous la surveillance des gardes nationaux de Choue et le lendemain, sans qu’ils soient autorisés à prendre leurs chevaux ni leurs bagages, ils sont envoyés à Vendôme où ils sont enfin tous reconnus et relâchés.
Est-ce fini ?
Que nenni !!!
En entrant dans la ville, après leur départ, les prussiens, les vrais, auraient fait main basse sur les neuf chevaux, leurs armes et leurs bagages.
Coût ou plutôt pertes de l’opération pour les gendarmes : 6 000 francs. Tout cela parce qu’un capitaine de pacotille n’a pas été capable ni de reconnaître un uniforme, ni de vérifier les documents en leur possession, ni d’écouter les témoins. Il était tellement fier d’avoir “capturé” des prussiens !!!
Il est à espérer qu’il n’a pas accueilli les vrais prussiens avec des hourras, en les prenant pour des gendarmes.