En retard de trois mois, voici le thème du Challenge UPro-G de juin : une disparition. Ce sera celle de Joseph Hilaire Grosjean.
Le 24 mai 1871, une recherche dans l’intérêt des familles est diffusée, par voie préfectorale, à tous les maires du Loir-et-Cher et de La Sarthe : le capitaine Joseph Hilaire Grosjean, du 64e régiment de marche, armée de la Loire, est porté disparu, après avoir été atteint de deux blessures graves, aux environs du Mans.
Où est passé le capitaine Grosjean ? La famille se doute bien qu’il est décédé. Il aurait donné signe de vie sinon. Mais où est son corps, où est-il mort ?
Joseph Hilaire n’est pas un jeune capitaine ivre de gloire. Natif de Villotte-devant-Louppy, dans la Meuse, il a quarante-trois ans et a fait la campagne d’Algérie, où il est passé sous-lieutenant, le 17 février 1855. Il est un des héros de la bataille de Solférino. L’empereur l’a alors élevé au grade de chevalier de la légion d’honneur, le 25 juin 1859. Il a déjà quatorze ans de service effectif.
Capitaine au 18e régiment de ligne, il prend part à la guerre de 1870. Il est appelé à l’armée de la Loire et versé au 64e régiment de marche, le 6 décembre 1870. Son bataillon comprend trois officiers et 216 hommes.
Le 17 décembre 1870, le 64e arrive à Saint-Calais. Il marche alors jusqu’au Mans, avec la 2e division du 17e corps. La bataille du Mans va commencer.
Le froid est glacial. La neige couvre le sol sur une grande épaisseur. Mais elle a cessé de tomber, et le temps et la vue sont dégagés. Le combat s’engage, destructeur et mortel pour bien des hommes.
Le 64e se trouve sur le plateau d’Auvours et les hauteurs d’Ivré-l’Evêque. Les combats vont durer jusqu’à six heures du soir, la nuit. Le plateau a été perdu et repris.
C’est vers cette heure-là, entre six et sept heures du soir, que le tribunal va fixer l’heure du décès de Joseph Hilaire, sur le plateau d’Auvours. Car il faut un jugement, le 10 octobre 1872, par le tribunal du Mans, pour que son décès soit officiel. Pourtant, inscrit sur la liste des officiers morts pendant la guerre, il est déclaré blessé le 11 et mort le 12. La recherche dans l’intérêt des familles nous apprend qu’il a été blessé grièvement deux fois.
Joseph Hilaire est promu au grade d’Officier de la légion d’honneur, le 28 février 1871, à titre posthume, bien sur.
Il n’a pas été retrouvé, probablement enseveli dans une tombe anonyme, comme bien d’autres. Il reste, définitivement, porté disparu.
Mais qui le cherchait ?
Rien n’indique qu’il était marié, dans le jugement de décès. Sa mère, Jeanne André, est décédée un an après sa naissance.
Il s’agit probablement de son père, Claude Grosjean. Ce dernier décède, âgé de quatre-vingt-trois ans, le 3 décembre 1872, soit deux mois après que le tribunal ait officiellement déclaré son fils décédé.
