E comme Effrayé par les lumières

Vendôme-Mondoubleau

Le 7 octobre 1908, 8 h 40 du matin, le train 12 de la ligne de Vendôme à Mondoubleau, venant de cette commune, vient de quitter la station de Fortan. Un brouillard épais couvre la région.

Une voiture attelée d’un cheval se dirige vers Fortan, en suivant le chemin d’intérêt communal n°82.

Près du kilomètre 15, peu après la station, M. Proust, le mécanicien du train aperçoit la voiture, le conducteur assis sur son siège. Il bloque aussitôt les freins et renverse la vapeur pour stopper le train, mais ne peut éviter la collision.

Joseph Marinault, propriétaire à Mazangé, et Arthur Barbary, ouvrier maréchal-ferrant, étranger au pays (il est natif d’Herbault), se trouvent dans la voiture attelée. C’est Joseph Marinault qui conduit l’attelage. Il a bien vu le train et descend par le marchepied pour maintenir son cheval, mais celui-ci, effrayé par le bruit de la machine et les lumières du train, dans le brouillard, fait un brusque écart, vire sur lui-même et présente l’arrière de la voiture au train qui la percute violemment.

La voiture est soulevée et ses passagers sont projetés sur un tas de pierre.

Une fois le train arrêté, le sieur Colas, chef de train, voit deux hommes couchés à plat ventre sur les tas de pierres du côté de la route, et la voiture renversée. Joseph Marinault et Arthur Barbary, sont grièvement blessés. En voyant l’importance des blessures, le chef de train fait immédiatement appeler le docteur Benoist.

Les corps sont installés dans le fourgon du train et ramenés à Mazangé. Mais le docteur Benoist est absent. Le docteur Cormier, de Villiers, qui se trouve au gué du Loir, et prévenu par téléphone et arrive, par le train 11, à Mazangé, où il prodigue les premiers soins, aux blessés.

Joseph Marinaut a l’abdomen déchiré sur tout le côté gauche, l’humérus fracturé en plusieurs endroits, la tête contusionnée et de nombreuses lésions internes. Il est transporté à son domicile sans avoir repris connaissance.

Arthur Barbary a le crâne fracturé et la colonne vertébrale brisée. Il est transporté à Vendôme et admis d’urgence à l’hôpital de la ville.

Miraculeusement, le cheval n’a pas été blessé.

A 10h30 du matin, le commissaire de surveillance administrative est prévenu de l’accident par le chef de gare de Vendôme. Il se rend immédiatement sur les lieux pour faire les constatations d’usage.

Le soir même de l’accident, alors qu’il est de retour à Vendôme, par le train n°16, il est informé, par le chef de gare que Arthur Barbary, transporté à l’hôpital, a succombé vers midi, des suites de ses blessures, sans avoir repris connaissance. Il avait quarante-huit ans.

Joseph Marinault décèdera dans la nuit du 8 au 9 octobre, sans avoir, lui non plus, repris connaissance.

L’enquête doit déterminer les responsabilités. Les passagers du train sont entendus et témoignent tous que les alarmes, en cas de brouillard, ont bien été actionnées, à intervalles réguliers, et que le train ne roulait pas vite.

Le cheval a dû être effrayé par les lumières des phares du train. Ce n’est qu’un fatal accident.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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