Nous le savons, la circulation des personnes était très contrôlée, avant. Vous deviez pouvoir justifier de votre présence en tout lieu, sur simple demande de la maréchaussée. Cela valait à beaucoup de jeunes à la recherche de travail, d’être mis en prison quelques heures, ou quelques jours, le temps de prouver leur bonne foi.
Certaines professions itinérantes nécessitaient des carnets à faire viser dans les communes traversées. Dans le registre de 1863 du Loir-et-Cher se trouvent des métiers évidents, comme “chanteurs ambulants”, “saltimbanques”, “ménagerie”, “lutteur», prestidigitateur”, “artiste lyrique”, “artiste dramatique” ; et d’autres dont l’appellation d’époque semble bien désuète, comme “déclamateur”, “artiste d’agilité”, “marchand de chansons”, “joueur de vielle”, “jeu d’adresse”, “jeu de tourniquet”, “jeu de tir à la flèche”, “jeu de bonbons”, “fait voir un panorama”, “miroir fantastique”, “montre une colosse” qui sont les ancêtres des forains d’aujourd’hui.
Il y a d’autres professions, par contre, que je n’aurais pas imaginé mettre dans la catégorie des métiers itinérants à surveiller. Je parle des “dentistes”, “mécaniciens dentiste », «joueurs d’orgue”, “maîtres d’escrime”, “aveugle”, “séance de physique”, “alphabet des sourds muets”
Après réflexion, je me rends compte que les joueurs d’orgue ne sont pas les joueurs d’orgues d’églises, mais plutôt les joueurs d’orgue de barbarie, et là, effectivement, cela rejoint la grande communauté des forains.
Dans ce florilège itinérant, je remarque un manège de chevaux de bois et jeu de billard, tenu par Pierre Zacharie Némoze, né à Paris et domicilié à Courtenay (Loiret), et Charles Théodore Lecomte du Rouil, né à Saint-Denis-des-monts, dans l’Eure, qui vit à Toulouse et montre une colosse.
A feuilleter ce registre, je voyage en France et en Europe. Pierre Bayssié de Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, cotoye Victor Dumoulin de Clezantaine, dans les Vosges, et Nicolas Louis Thuillier, d’Escot, dans le Calvados. Nicolas Antoine Magaldi et Joani Antonio Patrono, de Carleto, en Italie, musiciens ambulants, sont accompagnés de François Anaille, de Marsicoretere, du même pays.
Dans le registre, le principal “ambulant” est indiqué avec le nombre d’accompagnants. Jean François Saymard, de la Rochelle, directeur de cirque, est accompagné de neuf personnes, comme Henriette Lamotte, veuve Rith, de Metz, en Moselle, artiste d’agilité vivant à Saint-Quentin, tandis que Bernard Duprat, de Pau, écuyer, est accompagné de six personnes.
Dommage que leurs noms ne soient pas indiqués, nous ne pouvons pas savoir s’ils sont de la même famille.
Pour les généalogistes cherchant sur les familles de forains, ces registres sont une manne providentielle…….. À condition de les consulter dans tous les départements pour pouvoir retrouver leurs ancêtres. Cela ferait un beau voyage itinérant sur les traces de sa famille.