Difficile de savoir comment il s’appelait. Le premier nom écrit sur le registre est Pierre Eugène (Eugène nom de famille). Mais Eugène a été barré et remplacé par Henry Elie Adolphe. Pierre n’a pas été barré.
Lequel est le nom de famille ? Compliqué !! d’autant que c’est un enfant de l’hospice de Fontenay, en Vendée. J’ai regardé les tables décennales, et j’y ai trouvé beaucoup d’enfants illégitimes dont le nom de famille est Eugène, Pierre et Henry !!! Cela ne m’aide pas.
Aucun n’a tous les prénoms cités !!! Le mien est né vers 1831 et pour l’instant, la porte reste ouverte.
Pourquoi est-ce que je m’intéresse à lui ? Parce que le 13 janvier 1874, il est entré dans la maison d’arrêt de Blois où il a été décrit avec précision sur le registre d’écrous.
Il mesure 1.65 m, a la bouche grande, une barbe et des cheveux châtains, un menton rond, des sourcils châtains, un visage ovale, un front haut, un teint ordinaire et des yeux gris bleus.
Rien d’extraordinaire n’est-ce pas ? L’extraordinaire est ailleurs, dans une liste à la Prévert qui parsème son corps de journalier.
Cela commence par deux femmes et un pot de fleur sur son bras gauche, une tête de femme et une bague sur la main, une femme turque sur un piédestal sur le bras droit. Il a, sur la poitrine, au-dessus du téton gauche, un lion se battant avec un serpent, au-dessus du nombril, un buste de femme, sur la jambe droite, deux épées en croix et deux initiales presque effacées, un buste de femme, une chauve-souris, une femme les jambes écartées, un animal, un compas et une équerre enlacés. Sur la jambe gauche, il a une femme et un buste d’homme, une zone, un poignard, un buste de femme, un d’homme, deux petits coeurs, deux os et une tête de mort, et un nom illisible.
J’ignore si les tatouages étaient beaux ou grossiers, mais ils sont nombreux.
Difficile d’oublier un tel homme après l’avoir croisé, comme une revanche sur une naissance où l’on a voulu l’oublier.
PS : j’aime beaucoup l’idée des deux petits coeurs cotoyant les deux os et la tête de mort.