Jean Pierre Cormier, vigneron, est natif de Cour-sur-Loire. Il y épouse Anne Bardet, le 20 décembre 1832. Il a vingt-deux ans, et elle vingt-cinq. Le couple s’installe à Cour-sur-Loire où naît un petit garçon, Jean François, le 16 octobre 1833. Malheureusement, la jeune maman décède deux semaines plus tard et Jean Pierre se retrouve seul avec un bébé. Le petit garçon ne tarde pas à suivre la jeune femme dans la mort et, le 15 janvier 1834, Jean Pierre se retrouve seul, mais pas pour longtemps. Deux semaines après le décès de son fils, il convole en secondes noces avec Madeleine Anne Rabier, de près de dix ans son aînée.
Le couple quitte Cour-sur-Loire et part s’installer aux Grouëts, hameau de villégiature des blésois aisés, où ils possèdent des vignobles et les closeries qui les exploitent.
C’est là que Jean Pierre et Madeleine fondent leur foyer où naissent trois enfants : Alexis, le 18 novembre 1834, Auguste, le 19 novembre 1835 et Justine, le 15 avril 1838.
Fin octobre 1845, Jean Pierre est closier pour M. Woihfille (nom porté sur le rapport de police, mais introuvable. Je pense que le policier qui a rédigé le rapport, a écrit ce qu’il entendait). Le 29 octobre, Robert William, domestique du propriétaire, dépose chez Jean Pierre, un fusil chargé. Pourquoi ? Peut-être qu’une partie de chasse était prévue. A moins que Jean pierre n’ait eu besoin de se débarrasser de nuisibles. Le fait est que l’arme est chargée.
Le lendemain matin, vers sept heures, les enfants sont seuls dans la maison. Quel petit garçon peut résister à l’envie de saisir un fusil pour jouer avec et faire comme les grands ?
Lequel a pris le fusil ? Alexis ou Auguste ? Le rapport indique que l’enfant a onze ans. Ils n’ont qu’un an d’écart. Sans autre moyen de trancher, je dirais juste que l’un des garçons saisit le fusil, le tenant comme un grand.
Il se tourne vers sa sœur qui est encore au lit et la met en joue. Il tire la gâchette, c’est un jeu. Mais l’arme est chargée et le coup part, atteignant la petite fille de sept ans à la face, emportant sa joue droite.
Justine est immédiatement transportée à l’hospice où les médecins lui prodiguent tous les soins possibles. La blessure n’est pas mortelle et la petite fille survit à l’aventure.
A-t-elle gardé des séquelles physiques de l’accident ? Impossible à savoir, mais cela ne l’a pas empêchée de se marier. Elle a trente-et-un ans lorsqu’elle épouse un veuf, Pierre Etienne Ménage, de dix ans son aîné.
Elle n’a visiblement pas gardé de rancœur contre le frère qui l’a blessée, car ils sont tous les deux témoins à son mariage.