Faits divers du Loir-et-Cher : Q comme Querelle d’ivrognes

La Ville-aux-clercs

La lettre Q nous emmène à la Ville-aux-Clercs, en 1849, à la fin de l’été.

Jacques François Guillet, cinquante-quatre ans, natif de Naveil, est ouvrier menuisier. Marié à Louise Hélène Catereau, il vit à Vendôme, rue Saint-Bié, et a quatre filles.

Bienaimé Flavien Gibory, à trente-trois ans, natif de Vendôme. Il est ouvrier menuisier, comme Jacques François. Marié à Virginie Angélique Villiers, depuis 1841, il n’a pas d’enfants.

Tous les deux ont mauvaise réputation. Jacques François est un débauché, tandis que Bienaimé est très mal famé dans le pays et a déjà été condamné à plusieurs reprises. Il a déjà fait vingt jours de prison pour coups et blessures, deux pour outrage à agents en 1848, et a été condamné trois fois pour délit de chasse en 1849.

Autant dire que ces deux-là se sont bien trouvés, alors qu’ils travaillent en même temps, à la Ville-aux-Clercs, le 26 août 1849.

Ce soir-là, et toute la nuit, les deux hommes boivent, jusqu’à plus soif, et même encore plus. Vers six heures du matin, les deux hommes, dans un état d’ébriété très avancé, se rendent, cahin-caha, dans la chambre occupée par Bienaimé Gibory, dans la commune, pour y dormir.

Ont-ils seulement dormi ? Vers neuf heures et demie du matin, les deux hommes s’embrouillent et se disputent. La querelle d’ivrogne prend un tour dramatique, lorsque Bienaimé Gibory s’empare de son fusil et le décharge à bout portant, sur son camarade de beuverie.

Jacques François Guillet est tué sur le coup. Probablement dégrisé par son geste, Bienaimé ne s’enfuit pas. Au contraire, il se constitue prisonnier et avoue immédiatement son crime.

Ce qui aurait pu avoir des circonstances atténuantes, vu l’état d’ivresse des deux hommes, va au contraire être alourdi par le passé judiciaire de Bienaimé. La justice de l’époque n’aime pas les récidivistes et la loi est claire sur le sujet.

Bienaimé est condamné, le 7 novembre 1849, à vingt ans de travaux forcés, par la cours d’assises de Blois. Le jugement est confirmé le 8 décembre de la même année. Il est extrait de la maison de justice de Blois, le 12 mai 1850 et envoyé au bagne de Brest, où il arrive le 15. Il y restera huit ans.

Le 1er septembre 1858, il embarque sur la « Seine » à destination de Cayenne.

Il ne reviendra jamais au pays, ni ne finira sa peine. Bienaimé décède à Approuague, le 3 août 1861.

Il devait être proposé pour une réduction de peine, lors de la fête du 15 août.

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Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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