Généathème de Mai : la malédiction des cinq ans

Pour le Généathème de Mai, dans la recherche des mariages multiples de ma généalogie, j’ai fait un tableau statistique, uniquement de mes sosas :

Sur 1785 Sosas mariés, 1612 se sont, à priori, marié une seule fois. Je dis bien à priori, car je ne suis pas à l’abri d’un remariage non trouvé car non cherché.

142 de mes sosas se sont mariés deux fois.

26 se sont mariés trois fois.

5 se sont mariés quatre fois.

Et cela s’arrête là.

Parmi mes tetra-mariés, il y a Jacques Boulant, de l’Eure.

Fiquefleur

Jacques Boulant, mon sosa 212, s’est marié quatre fois et une malédiction semble peser sur lui, la malédiction des cinq ans.

Lors de son premier mariage, il a vingt-deux ans, environ, puisque je n’ai pas son acte de baptême (ni celui de ses frères et sœurs).

Il est né vers 1715. Son premier mariage a lieu le 21 novembre 1737 à Fiquefleur, avec Louise Marinier, âgée, à priori, d’environ treize ans de plus que lui. Elle est veuve. Ensemble, ils vont avoir deux filles pendant leur mariage, nées à Fatouville : Geneviève, le 22 août 1738, et Marie, née le 9 septembre 1740.

Le couple part s’installer à Fiquefleur où la petite Marie décède, le 15 août 1741.

Moins d’un mois après avoir fêté leurs cinq ans de mariage, Louise Marinier décède le 1er décembre 1742, laissant Jacques seul avec une petite fille de quatre ans, Geneviève.

Jacques se remarie deux mois plus tard, le 7 février 1743. Il épouse Marie Anne Renos, à Fatouville. Le couple vit à Fiquefleur et trois enfants naissent de leur mariage :  Alexandre Joseph, le 30 décembre 1743 qui décède le 14 septembre 1744, Joseph, le 17 janvier 1746, et Jean, le 2 janvier 1748. Le petit dernier ne vit que dix-neuf jours. Il décède le 21 janvier, suivi par sa mère, un mois plus tard, le 26 février 1748, vingt jours après leur cinquième anniversaire de mariage.

Jacques se retrouve de nouveau seul, avec cette fois, deux enfants âgés de dix et deux ans. Jacques est pêcheur, il lui faut une femme pour s’occuper de ces derniers.

Moins de quatre mois après son deuxième veuvage, il épouse Marie Quatrehommes, le 19 juin 1748, à Fiquefleur.

Trois enfants naissent de ces troisièmes noces, dont des jumeaux, Guillaume et Alexandre, le 27 janvier 1750, qui décède les 28 et 30 janvier, suivis par Marie, née le 28 juillet 1752.

Et devinez quoi ? Après avoir fêté leurs cinq ans de mariage, Marie Quatrehomme décède. Elle a tenu plus longtemps que celles qui l’ont précédé, car elle décède six mois jour pour jour après leur cinquième anniversaire de mariage, le 19 décembre 1753. Elle décède de maladie et est inhumée le même jour que sa fille, Marie.

Ce chiffre cinq semble être une vraie malédiction pour Jacques, ou plutôt pour ses femmes. Mais il persévère et, le 30 avril 1754, moins de cinq mois après son troisième veuvage, il épouse ma sosa 213, Marie Lefebvre, toujours à Fiquefleur. Il a alors trente-neuf ans (environ) et elle en a vingt-six, soit treize ans d’écart, comme à son premier mariage, mais dans l’autre sens.

Sur les huit enfants que Jacques a eu de ses trois premiers mariages deux seulement sont en vie et âgés de seize et huit ans.

Marie Lefebvre va-t-elle survivre aux cinq années de mariage ?

Un premier enfant naît, Nicolas Jacques, le 28 janvier 1755 et décède deux mois plus tard, le 21 mars. Le 7 juin 1756, naît François, mon sosa 106. Il est suivi de Jacques, né le 11 novembre 1757 et décédé six jours plus tard, puis de Marie Madeleine, née le 23 octobre 1758 et décédée deux mois plus tard. Viennent ensuite Marie Anne, le 20 novembre 1759 et décédée deux mois plus tard, et Marie Chaterine, née le 13 décembre 1760 et décédée trois jours plus tard.

Si les enfants naissent et décèdent, le cap des cinq années de mariage est passé, et Marie Lefebvre est toujours vivante. Cette fois, la malédiction semble brisée.

Le 18 février 1762, la fille aînée de Jacques, Geneviève, première enfant née de la première femme, se marie à Fiquefleur. Elle épouse Louis Lefebvre, le petit frère de sa belle-mère. Ils ont le même âge tous les deux. Il est d’ailleurs temps de les marier, car un petit Pierre naît trois mois après leur mariage.

Jacques va encore faire baptiser deux autres filles, Marie Françoise, le 28 janvier 1764, puis Marie Anne, le 6 juillet 1765.

Quatorze années ont passé depuis que Jacques a épousé sa quatrième femme, Marie Lefebvre. Cette fois, c’est la femme qui enterre le mari. Jacques décède le 24 mai 1768, à Fiquefleur, à l’âge de cinquante-trois ans, environ, sous le prénom de Nicolas.

Il ne verra pas naître son dix-septième enfant. Jacques François naît le 27 octobre 1768, cinq mois (encore le chiffre cinq) après son décès.

Presque un an après, le 10 septembre 1769, son fils, Joseph, qu’il a eu avec sa seconde femme, se marie, à Equainville. Il épouse Marie Catherine Labigne.

Un mois plus tard, Marie Lefebvre convole en secondes noces, le 10 octobre 1769, à Fiquefleur, avec Charles Labigne, le frère de la femme de son beau-fils, comme son propre frère avait épousé la fille de son mari quinze ans plus tôt. Elle a quarante-et-un ans, environ. Elle aura encore trois enfants.

Au total, Jacques aura cumulé trente-et-un ans de mariage avec quatre femmes différentes et aura eu dix-sept enfants dont une paire de jumeaux.

Il aura mené quatre femmes à l’église pour les épouser, en aura mené trois à l’église pour les inhumer. Il aura également été seize fois à l’église porter un enfant à baptiser et il en aura mis en terre onze avant qu’ils aient pu apprendre à marcher.

Ce ne sont que des chiffres, mais ils ouvrent la porte sur un monde cruel où les femmes ne choisissaient pas d’avoir ou non des enfants. Nos ancêtres ont été élevés avec cette phrase terrible « Dieu donne et Dieu reprend ». Ils ont grandi, construit des foyers, créé des familles avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Et Dieu a beaucoup repris à Jacques.

Nous sommes peu de chose. Je descends du dixième enfant de Jacques, né de sa quatrième femme. Avant lui, cinq frères et sœurs sont décédés avant d’avoir un an. Après lui, quatre frères et sœurs sont décédé avant d’avoir un an.

Il ne se mariera qu’une fois et n’aura que six enfants, mais seuls deux atteindront l’âge adulte, soit un taux de survie quasi identique à sa fratrie.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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