L comme Laisser passer le Tramway

Blois - rue porte coté

Le 2 juillet 1925, à 18h, le tramway se dirige vers la rue Denis Papin. L’automotrice n°2 est conduite par le wattman Huteau. Partant de la gare P.O. à 18 h, il quitte l’arrêt du Square Victor Hugo, et se dirige vers le pont. Il arrive à proximité de l’hôtel du château, rue porte-côté, en face du n°20, lorsque, l’automobile de l’hôtel, qui se trouve à droite du tramway et va dans le même sens que lui, oblique à gauche pour lui couper la route.

Blois -hôtel du chateau

Le wattman bloque ses freins mais ne peut éviter le choc. La roue avant gauche de l’automobile heurte l’automotrice au niveau du marchepied droit avant et se retrouve coincée dedans. Le marchepied et la roue cèdent.

Pourtant, le wattman a bien donné une série de coups de cloche pour annoncer son passage, mais le conducteur de l’automobile n’en a tenu aucun compte.

Le témoignage du conducteur est bien différent. Pour lui, le tramway aurait dû s’arrêter et le laisser passer, mais le wattman était trop occupé à discuter avec des voyageurs. Il a dû tourner à gauche, sur la voie du tramway, pour éviter une auto qui se trouvait en rive du trottoir.

Il est furieux et interdit que l’on dégage son véhicule de dessous le tramway avant d’avoir fait faire un constat par un huissier. Nous sommes loin du constat amiable autocopiant que l’on trouve « normalement » dans toutes les boîtes à gants. Il faut attendre que l’huissier arrive et fasse son constat, ce qui prend 42 minutes, puis attendre encore 15 minutes pour dégager l’automobile

Résultat, une heure de retard pour le tramway.

Les déclarations sont contradictoires. Impossible de démêler le qui a tort et qui a raison. Les intéressés se rejettent mutuellement la faute de la collision. Les témoins sont entendus, Eugène Charbon domicilié rue du 28 janvier, François Huron domicilié 22 levée de Chailles, Remi Corbin, domicilié 12 rue de Boulogne et Octave Bouché, domicilié 11 quai Amédée Contant.

Dans le doute, la compagnie va préconiser de faire apposer sur les glaces avant et arrière des automotrices et en caractère très apparents, l’inscription : « défense de parler au wattman ».

L’inscription existe déjà sur une traverse de la toiture, mais n’est pas assez visible.

Cela ne dédouane en rien le chauffeur de l’automobile. Un décret du 11 novembre 1917, article 79, donne au tramway la priorité pour le passage et les autres véhicules doivent dégager la voie à son approche.

Ajoutons à cela que l’argument suivant lequel, le tramway aurait dû s’arrêter pour laisser passer l’automobile, ne tient pas face à l’article 77 du même décret, qui indique qu’un particulier n’est pas fondé pour quelque motif que ce soit, à arrêter ou à retarder la marche d’un tramway.

Le 18 juillet, dans son rapport, l’ingénieur en chef indique bien que la compagnie des tramways, pour ces raisons, est en droit, non seulement de refuser le paiement de toute indemnité réclamée par le propriétaire de l’Hôtel du château, mais également peut exercer à son encontre une action en dommages et intérêts.

Je laisse le mot de la fin au watman Huteau, parlant du chauffeur de l’automobile « le chauffeur n’est pas prudent, c’est un hasard que cela n’arrive pas plus souvent ».

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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