2e jour du calendrier de l’Avent : le carnet d’Odette Blanchon
Pour le 2e jour du calendrier de l’Avent, je vais vous présenter une autre pièce de mon cabinet de curiosités : un carnet de nourrice, sevreuse ou gardeuse de 1922. L’enfant placé en nourrice est Odette Marguerite Blanchon. La nourrice est Jeanne Marthe Tissier.
Après le scandale du XIXe siècle que j’ai abordé dans un autre article une législation a été mise en œuvre pour protéger, enfin, les enfants placés en nourrice.
Une législation a été mise en œuvre pour protéger les enfants placés en nourrice. Parmi ces protections figure le carnet de nourrice, sevreuse ou gardeuse, attribué par l’assistance publique et le service de la protection des enfants du premier âge.
Ce carnet est départemental, comme l’indique celui de ma collection, qui est de la Haute-Loire. Il doit être visé par la mairie du lieu où vit la nourrice. Ici, il s’agit de Mazerat-Aurouze.
Le carnet de nourrice
![Le carnet de nourrice Carnet de nourrice - page de garde](https://i0.wp.com/plumedhistoire.memorial41.fr/wp-content/uploads/2021/12/130312492.jpg?resize=551%2C800&ssl=1)
Le carnet de nourrice a été délivré à Jeanne Marthe Tissier, épouse de Pierre Blanchon, nourrice au biberon, le 17 novembre 1924. A cette époque, Jeanne Marthe vit à Espacy.
C’est le premier enfant qu’elle prend en nourrice. Elle a trente-quatre ans, et son dernier enfant est né le 26 août 1918. Le maire atteste, dans le carnet, qu’elle a une bonne conduite, des habitudes régulières, une maison bien tenue. De plus, son mari, cultivateur, est d’accord pour qu’elle prenne un enfant en nourrice.
Son signalement figure même dans le carnet. Jeanne a les cheveux noirs, le front moyen, les sourcils noirs, les yeux noirs, le nez moyen, la bouche moyenne, les oreilles moyennes et mesure 1.65 m. Pour pouvoir être nourrice, elle a subi une visite médicale, qui atteste de sa vaccination.
L’enfant qu’elle prend en nourrice s’appelle Odette Marguerite Blanchon. La petite Odette est née le 10 novembre 1924 à Villeneuve-Saint-Georges. Elle est la fille de Ernest Blanchon, ajusteur, demeurant à Villeneuve-Saint-Georges, au 89 avenue de Choisy. S’agit-il de la famille du mari de Jeanne ? La mère, elle, n’est pas nommée. Mais les femmes avaient peu d’importance à l’époque.
Odette arrive chez sa nourrice le 16 novembre 1924, soit six jours après sa naissance. Rude voyage pour un nouveau-né.
Jeanne va recevoir la visite du médecin inspecteur à cinq reprises : le 23 novembre 1924, le 28 février et 14 octobre 1925, le 23 avril et le 28 août 1926 ; avec ; à chaque fois, le commentaire : enfant très bien soigné et bien portant. Si je déchiffre bien les pattes de mouche du médecin, les parents d’Odette ont repris la petite fille, le lendemain de la dernière visite. Elle a deux ans.
Et après …
Odette est décédée le 12 mai 2018, à Lille, à l’âge de quatre-vingt-treize ans.
J’ai trouvé, grâce à Geneanet, la tombe de Jeanne et de son mari, au cimetière de Mazerat-Aurouze. Ils sont décédés à un an d’intervalle, lui en 1953, elle en 1954.
Mais je n’ai pas encore répondu à la question. La petite Odette est-elle de leur famille ?
La famille d’Odette
Sans sa filiation, c’est un peu compliqué. Je trouve un Ernest Blanchon grâce à Grand Memorial et il se trouve qu’il est né à Mazerat-Aurouze, fils de Louis et Celine Frugere. Cerise sur le chapeau, en 1922, il vit à Villeneuve-Saint-Georges. Grâce au même site, je trouve un Pierre Blanchon, frère du précédent.
Pour boucler la boucle, il me reste à vérifier s’il a bien épousé une Jeanne Tissier. Et, effectivement, le 4 novembre 1911, à Mazerat-Aurouze, Pierre Blanchon, fils de Louis et Celine Frugere, a épousé Jeanne Tissier.
La petite Odette serait leur nièce, et comme il y a eu carnet de nourrice, elle a été mise en nourrice contre rémunération.
Comme j’aime bien creuser un peu les choses, je recherche le dernier enfant né de Pierre et de Jeanne, mentionnée dans le carnet de nourrice. Je trouve effectivement une petite fille, à la date indiquée, 26 août 1918. Une mention marginale indique une adoption par la nation, le 30 décembre 1931. Bien que le feuillet matricule de Pierre ne mentionne aucune blessure, il bénéficie d’une pension d’invalidité de 55% pour surdité et une diminution de l’acuité visuelle. Pendant la guerre, il était maréchal des logis dans l’artillerie.
Il ne reste plus qu’à trouver qu’Odette est bien la fille du frère de Pierre.