Quel généalogiste n’a pas rêvé trouver dans le fond du grenier de ses grands-parents un coffre aux secrets. Un coffre grand comme un coffre de marin, usé par le temps et les voyages, mais gardant solidement les trésors cachés de la famille.
Il soufflerait délicatement sur la poussière accumulée depuis plusieurs générations, tout le monde ayant oublié son existence.
A l’intérieur, de mystérieuses petites boîtes fermées.
Boîtes en fer, souvenirs de goûters d’antan, orné d’un fantôme de publicité, chocolat meunier, biscuits Lefevre-Utile.. ou boîtes en bois polies et repolies par l’usage et le temps.
Certaines renfermeraient quelques médailles gagnées par un arrière-grand-oncle militaire, tombé au combat peut-être. D’autres seraient remplies de cartes postales parsemées d’une belle écriture déliées et de photos sépias montrant de belles dames en robe longue et chapeaux à plumes accompagnées de beaux messieurs sévères à la moustache dressée. Peut-être, au milieu, un petit paquet de lettres précieusement entouré d’un ruban de soie passée, courriers d’amoureux grands-parents ou d’amants séparés par la guerre.
En farfouillant plus loin, on trouverait quelques calots brillants de mille feux, souvenirs de parties de billes endiablées des cours de récréation, une vieille toupie en bois, un caléidoscope à peine ébréché, un vieux plumier encore taché de l’encre violette de l’école communale. Peut-être même un vieil ours en peluche et un baigneur rigide, usés par les baisers des enfants.
Et puis, tout en fond, soigneusement emballés dans du papier de soie, parsemés de naphtaline, des trésors de linge : linges brodés aux initiales de cette grand-tante jamais mariée dont le fiancé est tombé à Verdun, coiffes de dentelle de la grand-mère, encore empesées, robe de mariée jaunie par le temps, mouchoirs brodés et là, tout contre, un petit coffret à bijoux, renfermant les trésors des femmes de la famille. Simple pacotille sans valeur vénale mais porteuse de tant de souvenirs.
D’ailleurs, la petite broche de perle que l’on tient dans la main……. elle est là, sur la photo sépia où une vieille dame austère pose, sans l’ombre d’un sourire, mais le chapeau de travers.
Livrets de familles, livrets militaires, vieilles factures et boutons de culottes dépareillés compléteraient ce merveilleux inventaires que nous avons tous rêvé de faire.
Lorsque je parcours les sites de vente aux enchères de vieux papiers et que j’achète un lot au hasard, c’est un peu comme si j’ouvrais un coffre aux secrets, moi aussi, même s’ils n’est pas de ma famille. La magie et la poussière en moins.
Alors je dédie ce message à tous ceux qui n’ont rien de leur passé, de leur famille, parce que le temps est passé éparpillant aux quatre vents des cousins tous ces témoignages de vie des anciens, les détruisant parfois……….. souvent.
