Calendrier de l’Avent – jour 19 et le livret de Prosper
Parmi tous les actes et documents originaux que je possède, se trouve le livret militaire de Prosper Henri Fabre. Et il n’est pas seul, mais il est l’objet du jour.
Le service militaire
Dans ma boîte à malice, de nombreux livrets militaires, abandonnés par les descendants des titulaires, dorment tranquillement, à l’abri des aléas du temps.
Si aujourd’hui l’armée n’est plus présente, dans nos vies, que lors des cérémonies officielles ou des reportages à la télé, pour nos ancêtres, les choses étaient différentes.
Le service militaire représentait une étape importante dans la vie d’un homme et pour sa famille. Ses étapes et ses aléas étaient nombreux :
- Le recensement à vingt ans,
- Le tirage au sort jusqu’en 1905,
- Le conseil de révision,
- partir ou pas au service militaire,
- Les périodes militaires,
- La mobilisation en temps de guerre,
- Les blessures,
- La pension d’invalidité
- La mort…
Et toutes ces « angoisses » pour les familles ont, heureusement pour nous aujourd’hui, laissé des traces dans nos archives.
Evidemment, j’ai surtout cherché des livrets militaires de combattants de la guerre de 1870, mais également de la Grande guerre. La Seconde était bien trop récente. Maintenant, ces livrets là aussi, se vendent en ligne.
Pour l’heure, je vais vous parler du livret de Prosper, Prosper Henri Fabre.
Le soldat Prosper Henri Etienne Fabre
A défaut de photo d’identité, la première page de son livret militaire donne les moyens de l’identifier. Prosper Henri Etienne Fabre est né le 2 mars 1874 à Trèves, dans le Gard. C’est d’ailleurs là qu’il vit lorsqu’il passe au recrutement militaire, avec sa classe, la classe 1894. Il exercice la profession de maréchal ferrant.
Du côté familial, Prosper est le fils de Jean Baptiste Fabre et de Adélaïde André, tous deux domiciliés à Trèves, à la même période.
Suit la description physique du jeune homme. Il a les cheveux et les sourcils noirs. Ses yeux son châtains. La forme de son visage indique qu’il a un front ordinaire, un nez fort, une bouche moyenne. Son menton est rond et son visage ovale. Il mesure 1,65 m, ce qui est une taille moyenne à cette époque. Il n’a pas de marque particulière à cette époque. Le conseil de révision le classe dans les services auxiliaires sous le matricule 2786.
Prosper passe dans la réserve de l’armée active le 1e novembre 1898. Etape suivante logique, il passe dans l’armée territoriale le 1er novembre 1908, puis dans la réserve de l’armée territoriale le 1er novembre 1914.
Mais la guerre est déclarée. La commission de réforme de Nîmes, le 13 novembre 1914, le reclasse dans le service armé.
La mobilisation
Son fascicule de mobilisation est toujours dans son livret militaire, feuillet cartonné rose vif lui donnant, en cas de guerre, les instructions à suivre.
Suivi cet avis de mobilisation, Prosper, soldat de 2nde classe, doit rejoindre le 38e régiment d’artillerie de campagne, stationné à Nîmes, 68e batterie. Il doit rejoindre immédiatement et sans délai, le quartier Bruyère, à Nîmes. Il faut également qu’il emmène de chez lui des vivres pour un jour.
Première étape, Prosper doit se présenter à la gare de Faucheres, le jour de la mobilisation, avant douze heures. Une fois là, en deuxième étape, il doit prendre le train que le chef de gare lui indiquera.
Arrivé à destination, à la gare de Nîmes, il doit se mettre à la disposition du poste de police qui le dirigera sur le quartier Bruyère, sa dernière étape avant le départ pour la guerre.
Le commandant du recrutement a signé cet ordre le 19 décembre 1914.
La guerre
Prosper est de la classe 1894. Il a donc quarante ans lorsque la guerre éclate. Une fois la mobilisation faite, Prosper se retrouve au 38e régiment d’artillerie, sous le matricule au corps 5905. Jusque là, il exerçait, chez lui, à Trèves, dans le Gard, la profession de maréchal ferrant.
Alors qu’il est au corps, il est vacciné, d’abord contre le typhus, à quatre reprises : le 19 février, le 26 février, le 11 mars et le 2 avril 1915. Il est ensuite vacciné contre le choléra, le 1er décembre 1915. Sa dernière vaccination, contre la variole, a lieu le 23 novembre 1916.
C’est tout ce que son livret militaire nous apprend sur la guerre de Prosper.
La Réforme
En tournant les pages du livret, apparaît un feuillet supplémentaire n°4bis indiquant que Prosper est réformé par la commission de réforme de Nîmes, le 27 décembre 1916, temporairement.
Ensuite, un autre feuillet, du 21 novembre 1917, indique qu’il est réformé n°2.
Prosper est définitivement libéré de ses obligations militaires, le 1er novembre 1920.
A l’heure où je rédige cet article, impossible d’accéder à son feuillet matricule en ligne, les archives du Gard tournant en boucle.
Ce sera pour plus tard, l’important est la masse de renseignements que ce livret matricule contient. Son livret nous parle d’une vie de soldat, avec ses obligations, ses vaccins, ses commissions, bien utile pour compléter un feuillet matricule.
Si seulement nous pouvions avoir les livrets militaires de tous nos ancêtres !!!