Le Passage à niveau n°72

P comme le Passage à niveau n°72

Le 10 novembre 1933, Samuel Chantome, vingt-six ans, marchand de nouveautés à Cour-Cheverny (Loir-et-Cher), fait sa tournée de livraison dans la région de Chitenay.

photo d'une automobile Citroën genre Torpédo Bachée n°27HX1
automobile Citroën genre Torpédo Bachée n°27HX1

Il conduit une voiture automobile Citroën genre Torpédo Bachée n°27HX1 et suit le chemin vicinal ordinaire n°14 qui relie la route nationale 156, qui va de Blois à Château-Renault, au hameau de Chery. Le chemin suit une courbe dont le tracé est tel qu’il suit la voie ferrée pendant cinq cents mètres. Il n’y a pas de construction ou de végétation qui gêne la vue.

Chantome Samuel

Le chemin coupe la voie ferrée, qui va de Saint-Aignan à Blois, au kilomètre 27.284. La visibilité, en temps normale, est de 80 secondes pour le train et 60 secondes pour une voiture qui roule à 50 km-heure. Mais, ce 10 octobre, le temps est brumeux, et il pleut par intermittence. Samuel connaît bien la route et l’existence du passage à niveau. Il ne roule qu’à 25 km/heure.

Il est 15h25 lorsque sa voiture s’engage sur le passage à niveau n°72, qui est dépourvu de barrière. Au même moment arrive le train 77 venant de Blois, composé de cinq voitures et de deux fourgons, pour un poids total de vingt-huit tonnes. Il est remorqué par la machine n°4, conduite par le mécanicien Louis Babin.

Louis a bien vu la voiture qui vient du côté gauche de la voie. Elle ne roule pas vite et le mécanicien pense donc que son chauffeur a vu le train arriver. A trois cents mètres avant le passage à niveau, il siffle et siffle à nouveau, arrivé à cinquante mètres.

Pourtant, contre toute attente, la voiture ne s’arrête pas et traverse le passage à niveau au moment où le train aborde celui-ci. Le sifflement d’alarme devient frénétique.

Voyant que la voiture continue sa route, le mécanicien tente d’arrêter le convoi, mais on n’arrête pas vingt-huit tonnes comme cela. Louis Babin renverse la vapeur, freine, mais le rail est gras à cause du temps. Il est trop tard. Le train tamponne la voiture et la projette sur le côté droit de la voie ferrée.

André Dufournier, vingt-huit ans, le chef de train, entend les coups de sifflet répété du mécanicien. Comme il craint un accident, il se penche à la portière. C’est ainsi qu’il voit une voiture à quelques mètres du passage à niveau, couchée sur le côté. Le train a continué sa course sur encore cinquante mètres.

Miraculeusement, Samuel Chantôme ne souffre que d’une coupure profonde à l’arrière de la tête. Il réussit à sortir seul de sa voiture, pendant que les agents du train, dont André Dufournier, se précipitent pour lui porter secours.

André l’emmène jusqu’à la station de Chitenay-Cormeray, à deux cents mètres de là, où il reçoit les premiers secours.

Le docteur Branchu de Cour-Cheverny, appelé, lui prodigue des soins. Il ramène lui-même le blessé chez lui. Il diagnostique une plaie de la tête, derrière l’oreille droite, entraînant une incapacité temporaire de travail de quinze jours.

La torpédo a souffert de l’impact. Sa carrosserie est défoncée et le moteur est hors d’usage. La locomotive, quant à elle, n’a que des avaries insignifiantes, dont le montant n’est pas plus élevé que trente francs.

Samuel est en tort, mais comme il est la seule victime de l’accident, la compagnie de chemin de fer ne le poursuivra pas.

Bon cette fois, cela a un tout petit peu saigné !!! Et il n’y a pas de mort.

Demain ? demain est un autre jour.

 

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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