Le patrimoine en question

Aujourd’hui, 18 septembre, c’est le début du week-end “journées du patrimoine”. J’y vais ? Je n’y vais pas ? Je n’ai pas trop de temps et je n’aime pas la foule. Cela limite mes choix.

En rentrant de mes courses, je décide de passer par l’avenue Maunoury, à Blois. Miracle, devant l’ancien haras national, il y a pléthore de places à garer. Ce sera ma contribution pour le week-end. Je descends de voiture, appareil photo en main, et je m’approche des grilles. 

Ce qui fut un magnifique domaine national dédié aux chevaux et à la reproduction des étalons est en travaux. Une partie des lieux a été transformé en logements. Le hall 3 et l’écurie sont en train de devenir un centre médical de jour, avec restaurant et foyer pour les employés. Il y a des tas de sable et autres témoins des travaux qui gâchent la vue. Je prends quand même quelques photos, des détails, en essayant d’occulter le reste.

Blois - Haras

 

Blois - Haras

Blois -Haras

Blois - Haras

Je regrette de ne pas avoir fait de photos du temps de sa splendeur. Mais à l’époque, je croyais les lieux intouchables, comme les autres lieux qui jalonnent l’avenue :

  • La caserne de pompiers, transformée en logements, mais dont la tour de séchage des lances à incendie est toujours visible.

Bloid tour ancienne caserne de pompiers

  • La caserne Maurice de Saxe, où stationnait la garnison de Blois et où, plus tard, des générations de jeunes hommes sont venus faire leurs classes, dans la caserne devenue Centre de Sélection. Elle s’appelle aujourd’hui Villas comte de Saxe.
  • La citadelle, bar emblématique de la jeunesse blésoise où les lycéens de Dessaignes et les appelés du contingent venaient passer le temps. Devenue maison particulière, elle fait partie d’une propriété immobilière (travaux magnifiquement réalisés, difficile d’imaginer qu’avant, il y avait un bar).
  • La Halle aux grains, où, enfant, j’accompagnais mes parents au marché. J’en garde le souvenir des cages à poules et des étals de légumes des agriculteurs du blésois.

Je pensais tous ces lieux éternellement intouchables mais ils ont changé, ont été transformés, parfois ont disparu complètement.

Sur cette avenue, bien d’autres bâtiments ont disparu, que je n’ai pas connu.

  • L’asile psychiatrique départemental (devenu en partie centre administratif)
  • Les couvents et jardins des Cordeliers, Saintes-Maries, des dames de la visitation et des Véroniques, transformés en palais de justice, hôtel du département et préfecture.

Et la liste est longue de ces transformations. Et d’autres vont venir.

Est-ce un bien ? Est-ce un mal ?

Personnellement, il y a des bâtiments que j’aurais aimé garder intactes. Mais quel avenir auraient-ils eu ? On ne peut pas tout transformer en musée.

Nos ancêtres étaient bien plus pragmatiques. La preuve en est des morceaux d’autres bâtiments retrouvés dans les murs de bâtiments postérieurs, comme ce morceau d’une statue polychrome de Saint-Roch, retrouvée dans la tour des Cordeliers où il servait à condamner une porte, et conservé aujourd’hui au musée lapidaire de l’aître Saint-Saturnin.

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Le passé n’avait pas la même valeur, pour eux, que pour nous aujourd’hui. Le côté pratique et utile primait. Le couvent des cordeliers est devenu une prison, son jardin, un tribunal, une grand-pièce et une halle aux grains. Le couvent des dames de la Visitation est devenu le bureau du télégraphe avant de devenir préfecture. Parfois, des traces subsistent, comme la tour Beauvoir, ou la chapelle des dames de la Visitation, un temps devenues archives départementales.

 

Une visite virtuelle sur le site des Archives Départementales vous montre bien que tout évolue, tout change. 

Culture 41 – 1965-2015 : le jubilé d’un bâtiment d’archives

Accueil Archives départementales Expositions virtuelles 1965-2015 : le jubilé d’un bâtiment d’archives

http://www.culture41.fr

Conserver ou modifier, restaurer à l’identique ou améliorer au monde moderne, le choix n’est pas simple pour les élus qui seront, de toutes manières, critiqués, le consensus étant quasi impossible. Mais au moins, un choix est fait. 

Lorsqu’aucune décision n’est prise, ou n’a pu être prise, le dommage est là. C’est le cas de cette maison historique de la Ferté-Beauharnais, qui ne pourra être sauvée.

 Loir-et-Cher : une maison historique de La Ferté-Beauharnais va être rasée (lanouvellerepublique.fr)

Jusqu’où devons-nous aller pour conserver les traces du passé ? Et quel passé ?

La pierre et ses monuments ? Les cimetières et nos morts ? Les écrits ? Les langues régionales ? La cuisine ? Le savoir-faire ? Les animaux ? Les chants ? etc.

Nous aimerions tout garder, mais il faut faire des choix. Heureusement pour nous, ce sont des choix de pays riche et en paix.

Cette problématique n’a pas la même valeur ou le même intérêt, dans un pays où la survie est devenue un mode de vie. Pour ces pays, le patrimoine est une notion abstraite. Car pour transmettre quelque chose, il faut qu’il y ait quelqu’un à qui le transmettre.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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