Après quelques jours de pause, reprenons les actes de mariage avec un grand classique du genre : la légitimation.
Nous sommes toujours sur le même registre de Romorantin 1 MIEC 194 R8 page 283 acte 67, cette fois, pour le mariage de Léandre Moliard et Armantine Deroy, le 16 septembre 1867.
Registre d’état civil. Mariages 1 MIEC 194 R8 1861/1884 1861 – 1884 registre d’etat civil ROMORANTIN-LANTHENAY (Commune de) Mariage
Les deux jeunes mariés sont célibataires, natifs de Romorantin. Léandre est boulanger-pâtissier à Versailles, fils de Pierre, tisseur, et de défunte Angélique Catherine Bardin. Le père a donné son accord devant notaire et est absent. Armantine vit à Romorantin, fille de Barthelemy, marchand de farines (c’est bien, un gendre boulanger, quand on vend de la farine), et Pauline Colette. Ses parents sont tous les deux présents.
La particularité de cet acte est la légitimation d’un enfant né le 6 octobre 1860, à Romorantin, Armantine Eugénie. La petite fille a donc six ans au mariage de sa mère.
Que signifie cette légitimation ? Léandre est-il bien le père d’Armantine Eugénie ? Seul un test ADN pourrait l’affirmer.
La légitimation signifie qu’aux yeux de la loi, Léandre devient le père d’Armantine Eugénie. Elle cesse d’être un enfant naturel pour devenir une enfant légitime.
Qu’est-ce que cela change pour elle ? Déjà, au niveau social, elle cesse d’être un objet de réprobation. Elle n’est plus une bâtarde. Aujourd’hui ce genre de considération n’est plus. Les familles mono-parentales sont entrées dans les moeurs. Ce n’était pas le cas au XIXe siècle, ni même au XXe siècle.
Lorsqu’un enfant naît naturel, légalement, il n’a pas de parent tant que ceux-ci ne l’ont pas reconnu. La reconnaissance n’est pas une légitimation. Pour être légitimé, il faut d’abord avoir été reconnu. Le mariage des parents permet de légitimer tous les enfants reconnus par les deux mariés.
L’autre changement important est le droit à hériter. Pendant très longtemps, la part des enfants naturels, dans la succession des parents, était moindre que celle des enfants légitimes. Celle des enfants adultérins était encore plus petite.
Pour Léandre et Armantine, peut-être Armantine Eugénie est-elle leur fille. Ou peut-être que Léandre a voulu faire plaisir à sa femme en légitimant une enfant que, de toute manière, il va élever. Quasiment impossible à savoir, sauf à prouver que le père ne pouvait géographiquement pas être là au moment de la conception.
N’oublions pas qu’en recherche généalogique, nous faisons une généalogie légale (aux yeux de la loi qui est fils de qui) et non génétique.
Mais imaginons, un instant que Léandre, de la classe 1859, ait été jugé bon pour le service. Il est donc parti, à l’automne 1860 pour sept ans. Il a dû attendre son retour de l’armée pour épouser sa dulcinée et légitimer sa fille. Question dates, c’est possible.
Soyons donc optimiste et incriminons l’armée pour ce retard à la légitimation.