L’enfant perdu de Valérie

treille-bois-vigne

Valérie Baptiste est domestique chez François Michou, à Theillay, Loir-et-Cher. Elle a trente-quatre ans, est célibataire et … enceinte. 

La ferme où elle travaille est peuplée. La ferme de Manu est dirigée par François Michou, cinquante-quatre ans, et sa femme, Hortense Requilard. Leur gendre, François Mollinier, valet de ferme, vingt-huit ans, et leur fille, Virginie, vingt ans, vivent avec eux, ainsi que leurs enfants, Philippe, quatre ans et Virginie, trois mois. Jean Michou, dix-sept, le fils, est là également, avec le grand-père, François Michou. A cette famille, se rajoutent les domestiques, Valérie, la plus âgée, Joseph Lecoeur, vingt-deux ans, Auguste Mollinier, dix-sept ans, Silvain Lecoeur, dix ans, et Jules Martin, neuf ans.

Valérie a caché sa grossesse à tout le monde, mais n’a pas l’intention de se débarrasser de son enfant. Au contraire, elle lui a acheté de la layette. Elle attend juste le bon moment pour le dire et ce n’est pas encore le cas. Elle a encore deux mois avant la naissance.

Seulement, elle s’est cogné contre l’angle d’une armoire trois jours plus tôt, et elle ne sent plus bouger le bébé.

Le matin du 10 août 1875, elle se lève à cinq heures du matin et commence à allumer le feu lorsqu’elle est prise de violentes coliques. Elle prévient sa maîtresse qu’elle doit allumer le feu elle-même et se rend aux latrines de la ferme. Il s’agit en fait d’une tonnelle de vignes. Alors qu’elle se baisse, elle sent le bébé tomber par terre. Elle le touche avec la main et se rend compte qu’il est mort. La douleur est violente, elle ne sait plus très bien ce qu’elle fait. Elle réussit à se traîner jusqu’à la maison, jusqu’à sa chambre où sa maîtresse la trouve une demi-heure plus tard. Celle-ci voit le sang sur les draps, demande à Valérie ce qui lui est arrivé mais la jeune femme ne fait que pleurer. La maîtresse a compris qu’un enfant était né. Elle prévient son mari et, avec sa fille, commencent à chercher partout le bébé.

C’est la fille, Virginie, qui trouve le corps du bébé, dans les latrines. Le père Michou se précipite chez le maire pour le prévenir, tout comme le juge de paix et les gendarmes qui se rendent à la ferme. Ils suspectent un infanticide.

Mais le médecin appelé pour constater le décès de l’enfant, le docteur Ansaloni, qui accompagne le procureur de la république, déclare que l’enfant, une petite fille, est mort-née et même, qu’elle devait être morte depuis quelques jours dans le corps de la mère. Cela confirme les dire de Valérie. Ajouté à cela, la layette qu’elle a préparé et qu’elle leur montre, le délit n’est plus infanticide mais accouchement clandestin.

Valérie vit toujours à la ferme un an plus tard, mais la quitte pour être domestique à la Châtres. C’est là qu’elle vit, le 19 février 1881, lorsqu’elle se marie, à Romorantin, à cinq heures du soir. Elle épouse un veuf, Simon Joseph Lefebvre, tisseur en drap de la ville. Elle est sa troisième femme.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

Articles: 1379

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *