Et si nous ouvrions les armoires de la maison du bourreau, pour y détailler leur contenu ?
Le 14 septembre 1740, après la mort de Perrine Brochard, Perrine Fournier, sa mère, est présente lors de l’inventaire. Elle est son héritière, Perrine n’ayant pas eu d’enfant.
C’est une de nos connaissances qui va faire la prisée, Marie Benoist, femme de Nicolas Baussant. Rappelez-vous, elle et son mari ont fait bâtir la maison du bourreau et lui ont vendu, en 1733.
Nous ne pourrons malheureusement pas voir les habits de la défunte, son mari les ayant vendus pour quarante-cinq livres.
Nous pouvons, par contre, ouvrir les armoires à linges. Il s’y trouve quatre draps de toile commune, de cinq aulnes pièce, une douzaine de serviettes de toile commune, un tablier et quatre nappe de toile commune, chacune d’une aulne. Et c’est tout.
Là, je pense que monsieur le bourreau n’a pas été très honnête avec les services fiscaux et sa belle-mère. Excepté si elle était au courant et qu’ils aient agi de concert.
Il n’y a aucune espèce sonnante et trébuchante.
Personne ne doit rien à François Tremont et sa femme.
Par contre, ils doivent beaucoup d’argent à beaucoup de monde : 100 sols de vin à Latrou, 100 sols de marchandises à Samot, marchand toilier, huit livres à malet, marchand toilier, neuf livres à Amaury, marchand toilier, six livres de vin à Bachinon, huit livres dix sols de vin à Doucet, vingt livres de marchandises à Jean Chaudronnier, six livres de vin à Crouteau, cabaretier, quarante sols de reste à payer sur un chapeau à Ducau, chapelier, quarante sols de viande à Bounin, boucher, vingt livres de viande à Chambertau, boucher, cinquante livres à Clément, charpentier, onze livres à Boufay, marchand de soie, cent livres à la veuve Norieux, marchande de draps, dix huit livres de pain à Philippe, boulanger, sept livres quinze sols à Rousseau, blanchisseuse.
Il est étonnant de voir des dettes de soie et de linge pour un total de cent onze livres alors que l’inventaire n’en trouve que pour trente-deux livres.
La literie et le mobilier sont plus révélateurs d’un certain niveau de vie. Je passe sur la vaisselle commune, bien qu’il y ait deux vaisseliers. Dans la chambre haute, au-dessus de la cuisine, se trouve une table en bois de noyer sur piliers tournés, six chaises empaillées et un fauteuil sanglé couvert de tapisserie, un pied sur lequel est un petit coffre fermant à clé, piqué de clous de cuivre jaune et couvert de tapisserie, un petit miroir à cadre de bois doré garni de son chapiteau, une couchette de bois de chêne garnie de sa paillasse, et broche tournante avec ses vis et anneaux, une housse complète de serge verte, une petite armoire de bois de chêne dans laquelle étaient les draps.
Dans une petite chambre basse devant la cuisine, se trouvent une petite table de bois de sapin, six chaises en bois d’aulne, empaillées, un fauteuil de bois de noyer, aussi empaillé. Il y a aussi un bois de couchette garni de sa paillasse, avec deux lits de plumes et deux travers ensouillés de coutil, une couverture de laine verte, deux petits rideaux de tapisserie de bergame, un rideau, deux bonnes grâces, deux morceaux de soubassement garnis de ruban jaune, le tout de petite serge verte.
Nous sommes loin de la demeure d’un journalier. Mais au total, avec les dettes, il est déficitaire de quarante livres.
Il va falloir comparer cela à l’inventaire fait au décès de François, mais ce sera pour un autre jour.