Certains parents font preuve, parfois, de peu d’imagination, pour nommer leur progéniture. C’est le cas de Joseph Filoreau et Françoise Poussin, journaliers du Rouillis. Mariés en 1827, leur premier fils naît le 19 juillet 1828 et ils le prénomment Louis Alexandre.
Lorsque leur deuxième enfant naît, encore un garçon, le 31 mars 1832, ils le prénomment, Louis Alexandre.
Il n’y aura pas d’autre enfant. L’aîné sera appelé Louis et le second Alexandre.
Malheureusement, le père décède trois ans plus tard, le 1er octobre 1835, à l’hospice de Vendôme. La mère le suis deux ans plus tard, à l’hospice de Morée, le 16 juin 1837. Les enfants sont confiés à leur tuteur, François Poussin, à Coulommiers.
Mais ce dernier est indigent et ne peut subvenir qu’au besoin de ses propres enfants, alors Louis et Alexandre partent sur les routes, pour “chercher leur pain”, le 10 octobre 1837..
Leur tuteur, inquiet, déclare leur disparition à la gendarmerie et donne leur signalement :
L’aîné, Louis, neuf ans, cheveux châtain très clair, front élevé, sourcils blonds, nez allongé, bouche moyenne, menton rond, visage allongé, teint pâle marqué de petite vérole, mesure 4 pieds de haut (1.22 m).
Il est vêtu d’une blouse de toile bleu assez bonne, d’un pantalon de toile bien rapiécé et rallongé par le bas, un gilet de coton violet à petites fleurs. Il mesure trois pieds de haut (91 cm). Il est coiffé d’un bonnet de coton blanc et a les pieds nus. Il n’a pas de veste.
Le plus jeune, Alexandre, cinq ans et neuf mois, a les cheveux blonds, le front rond, les sourcils blonds, les yeux bleus, le nez court, la bouche ordinaire, le menton rond, le visage rond et plein, le teint frais et coloré.
Il est vêtu d’une blouse en coton violet rayé avec une ceinture, un pantalon de circassienne violette, un gilet semblable à celui de son frère. Il est coiffé d’une casquette et chaussé de sabots.
Petit détail si touchant : les deux enfants ne se quittent jamais.
Ils ont été vus, vers Cloyes, sur la route de Châteaudun, à plus de trente kilomètres de Coulommiers.
Les deux enfants ne se quittent jamais. La vie pourtant les séparera. J’ai retrouvé le plus jeune, journalier, qui se marie en 1860, à Parcé-sur-Sarthe. L’aîné, lui, devient mineur, et part dans l’Hérault, où il décède, en 1901, à Bédarieux.