Il y a quelques jours, c’était la rentrée des classes. Nombre de parents inquiets ont accompagné leurs chérubins jusqu’à la porte de l’école, pour les remettre directement aux instituteurs, pour les plus petits. Vivant dans un quartier scolaire, entre deux lycées, à côté d’une école maternelle, d’une école primaire et d’un collège, je vois tous les jours le comportement des parents.
Sans mentir, si certains pouvaient rentrer avec leur voiture dans la cour de l’école, pour que leur progéniture n’ait pas à faire le moindre pas dehors……………. ils le feraient !!!
Indépendamment de ces excès inciviles, nous couvons nos petits de toutes les manières possibles et ne les quittons des yeux que lorsqu’ils sont en sécurité auprès de leurs enseignants.
Toutes ces précautions nous semblent tellement évidentes, aussi évidentes que leur cursus : maternelle, primaire, collègue, lycée et plus si affinité.
Bien sur, je sais bien qu’il n’en a pas toujours été ainsi. L’école n’était pas accessible à tous, le travail des enfants était une source de revenus indispensable pour les familles les plus pauvres………… cela n’empêche pas d’avoir le coeur serré en lisant certains documents anciens.
C’est le cas de ce conseil de famille, du 2 novembre 1843. Jean Frédéric, Marie Rose, Pierre Vincent et Madeleine Zoée Fariau sont orphelins. Leur père est décédé sept ans auparavant. Leur mère vient de partir à son tour, trois mois plus tôt. Ils ont respectivement seize ans, douze ans, dix ans et huit ans. Ils ont été pourvus d’un tuteur et d’un subrogé-tuteur le lendemain de la mort de leur mère. Ce conseil de famille de novembre est réuni pour une autre raison, pour une raison financière.
Les deux plus jeunes sont incapables de subvenir seuls à leur besoin !!! Dix ans et huit ans !!!! Mais cela veut dire que les aînés, eux, le peuvent. C’est cela qui fait mal. Seize ans, ok, mais douze ans !!
Une somme de cent francs par an sera donnée aux parents qui voudront bien les prendre en charge (les nourrir, les vêtir, les envoyer à l’école, les soigner et loger). Madeleine Zoée vit et continuera à vivre chez leur tuteur. Pierre Vincent ira à l’école du 1er novembre au 1er mars de chaque année, jusqu’à ses quinze ans et son subrogé-tuteur, chez lequel il vit, lui apprendra son métier de tailleur, sans contrepartie.
Ils ont de la chance, parce qu’il n’y a pas de fond pour payer les pensions et il n’y en aura pas avant leurs quinze ans, lorsqu’ils toucheront la succession de leurs parents, et même là, celle-ci étant grevée de dette, rien ne dit qu’il y aura suffisamment d’argent. Pourtant, le tuteur, leur oncle, et le subrogé-tuteur, leur cousin germain, les prennent en charge. Ils ne seront pas mis à l’assistance publique.
Reste à savoir qui prend soin des deux aînés…………. surtout de Marie Rose, qui n’a que douze ans. Mais rien n’est dit à son sujet. Elle est suffisamment grande pour subvenir à ses besoins.
C’était cela, le bon vieux temps !!