Les sabots du petit Morcelet

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Je rattrape mon retard, et voici le thème du Challenge UPro-G de juillet : un animal. Je n’en ai pas pris un, mais plusieurs, une meute de bêtes féroces.

L’an 1743 est une année terrible en Loir-et-Cher. Plusieurs bêtes féroces sont arrivées par la Beauce, depuis deux ans, aux environs de Vendôme. Affamées, elles ont attaqué plus de quatre-vingt personnes de tous âges, qui ont été soignés à l’hôpital de Vendôme. Et elles en ont dévoré un certain nombre.

A Perigny, le 26 juillet, on enterre ce qui reste de la petite Madeleine Guillon, cinq ans, fille de feu Toussaint Guillon et de Marie Madeleine Marais, remariée à Jacques Thuaut. La veille, la petite Madeleine a été attaquée et déchirée par un loup, un loup différent des loups du coin. Depuis la paroisse de Villemardy, jusqu’à trois lieux alentours, près de cent-vingt personnes ont été dévorées. Ces loups là aiment la chair humaine. Même s’ils attaquent tous ceux qu’ils croisent, ils ont une prédilection pour les femmes et les filles dont ils se repaissent de la chair tendre. Le petite Madeleine est la seule victime sur Perigny. Triste record dont elle se serait bien passée.

Comme au temps du moyen-âge, les seigneurs ont été appelés pour venir en aide à la population. Les battues qu’ils ont organisées, ont permis d’en tuer un certain nombre. Les autres ont été chassées du vendômois et ont changé de territoire de chasse pour rejoindre la zone de Vallière, Chaumont, Pontlevoy et Sambin.

Depuis le mois d’août, ces bêtes féroces ont attaqué plusieurs personnes à Pontlevoy et en ont tué trois. Enfin, trois, on le suppose, car, en ce qui concerne, le petit Michel Morcelet, il n’en ai rien resté d’identifiable, excepté ses sabots et quelques hardes mises en pièces.

Né le 4 janvier 1733, à Thenay, fils de Toussaint Morcelet et Magdeleine Jallet, il vit à la Bouamerie avec sa famille. Sa mère est décédée lorsqu’il avait quatre ans. Son père s’est remarié le mois suivant son décès. En cette année 1743, le petit Michel, dix ans, n’a plus que sa soeur, Madeleine, quinze ans, et sa demi-soeur, Marie, trois ans, et sa belle-mère, Catherine Maupoint. Le père est décédé l’année précédente, en mars, âgé de trente-six ans. Autant dire que la vie ne devait pas être douce et facile pour le petit garçon.

Sa fin sera terrible, dévoré par les bêtes féroces. Il n’aura pas droit à une sépulture ; il n’y a rien à enterrer.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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