M comme la petite Marie Louise Marchenoir

Le dimanche 23 juin 1907, une heure de l’après-midi, la petite Marie Louise Marchenoir est chez ses parents, à la Bichaudière, sur la commune de Mazangé.

Mazangé - La Bichaudière

C’est la petite dernière. Ses parents, Adrien Marchenoir, cinquante-et-un ans, et Alexandrine Langot, quarante-cinq ans, sont vignerons. Ils vivent avec leurs quatre derniers enfants, Noémie, vingt-six ans, couturière, Yvonne, vingt ans, Raymond, treize ans et Marie Louise, vingt-deux mois.

Pour une raison que seul un enfant peut connaître, la petite fille sort de la maison, et part en direction de la ligne de tramway.

Une dizaine de minute a suffit pour qu’elle échappe à la surveillance de sa mère. Tous ceux qui ont des enfants connaissent bien ce problème, et la rapidité avec laquelle un petit peut s’éloigner.

Dix minutes seulement et la mère se met à rechercher la petite Louise.

La ligne de Vendôme à Mondoubleau est toute proche.

André Moreau, le chef du train n°14 venant de Mondoubleau, arrive au point kilométrique 14, à l’heure trois minutes du soir, au niveau de la Bichaudière. A cet endroit, il y a une courbe très importante, qui empêche de voir au loin. La courbe fait cent mètres de rayon. A cet endroit, la voie ferrée, établie sur l’accotement droit du chemin d’intérêt commun n°82, contourne un mamelon assez accentué, masqué dans la partie courbe par un massif de terre en culture d’avoine et comporte en rive un talus de déblai de 1.5 à 2 mètres de haut. Autant dire que la visibilité est restreinte.

Ni le chef de train, ni le mécanicien ne voit la petite, et, quand le chauffeur l’aperçoit et leur crie de stopper la machine, il est trop tard. Le tramway écrase l’enfant, lui coupant les deux jambes à hauteur des cuisses et le bras gauche et lui contusionnant la tête.

Le mécanicien stoppe immédiatement la machine, mais il est trop tard. La petite victime est transportée chez ses parents. Cela faisait seulement dix minutes qu’elle avait échappé à l’attention de sa mère. Dix minutes, c’est peu, mais malheureusement suffisant.

Un passant à bicyclette, Lacroix, habitant Mazangé, part chercher le docteur Benoist, qui, dès son arrivée, donne les premiers soins à la petite fille, mais ses blessures sont trop graves. La petite Marie Louise décède dans la nuit.

Le tramway, pour sa part, aura un retard de vingt-sept minutes.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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2 commentaires

  1. Une histoire affreuse. Pauvre petite et pauvres parents… Article très précis qui nous permet de parfaitement imaginer la scène (froid dans le dos inclus !)

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