Mes dimanches généalogiques et Challenge Upro-G : les vacances

Une fois n’est pas coutume, ce dimanche, j’ai décidé de lier mon histoire et le challenge Upro-G de Juillet : les vacances. Difficile de parler des vacances de mes ancêtres !! Alors je vais enclencher la séquence nostalgie et parler de mes vacances d’enfance.

 

Je suis partie en vacances dès mes trois mois et jusqu’à mes dix-huit ans, toujours au même endroit, à Lilia. Lilia est un hameau de Plouguerneau, tout à la pointe du Finistère. C’est un lieu magique pour moi. Le site est magnifique, grandiose, vivifiant,… dans mes souvenirs.

1969 -les vacances red

Mais avant d’y arriver, il faut partir, quitter la maison (je détestais cela), monter dans une voiture chargée (nous étions huit plus le chien), tractant une caravane elle-même bien chargée. Le cérémonial du départ est gravé dans ma mémoire : c’était un jeu de tétris avant l’heure, où tout avait sa place et où rien de dépassait. Les vérifications d’usage sur les feux de position, les clignotants, et hop, nous partions.

Je détestais les départs, probablement parce que j’avais mal au coeur en voiture !!! Mais le seul à être vraiment malade, c’était le chien, Rosco, qui devait prendre ses pilules pour le mal des transports !!

La route était longue et interminable (il n’y avait pas d’autoroute ni de quatre voies en ce temps-là). Le trajet était immuable : Blois, La Flèche, Ploermel, Huelgoat, Lilia. Nous évitions les grands axes et les grandes villes. La journée y passait.

Une fois arrivés, nous sortions de la voiture et je me souviens, comme si c’était hier, du vent froid qui nous cueillait à la sortie de la voiture surchauffée. Il fallait enfiler vite fait un pull et attendre que les hommes…. mon père et mes frères aînés, aient fini d’organiser le campement : la caravane, les tentes, l’orientation par rapport au vent, au soleil, à la pluie.

1971 - août campement de Vacances

Nous campions, camping sauvage, toujours au même endroit : dans un champ appartenant à des amis, qui y venaient eux-même tous les ans. Le confort était spartiate : un robinet d’eau potable et c’est tout. Dès le campement installé, il fallait creuser les latrines (dans le champ de fougères à côté), et bien arrimer les tentes au sol à cause du vent. Les sardines étaient plantées avec vigueur et les bas de toile agrémentés de blocs de granit.

 

Ce champ était juste au bord de la mer, au bord d’une falaise surplombant une plage de rochers gigantesques, comme un jeu de construction laissé là par un enfant géant. Un chemin de terre creusé dans la falaise permettait d’y accéder. Il y avait bien une plage de sable, de l’autre côté du bras de terre, mais je préférais cette plage-là. C’est là que j’allais à la pêche aux coques, juste sur le bord. Il suffisait de se baisser pour les ramasser.

Mais surtout, en face, il y avait, il y a toujours, le phare le plus haut de France, le phare de l’île Vierge. Les nuits étaient ponctuées par sa lumière tournante, et par temps de brouillard, par la corne de brume. J’adorais ce bruit, surtout la nuit. Ma mère aimait beaucoup moins !! Elle savait ce que le brouillard pouvait représenter de danger pour les marins. Mais lorsque l’on est enfant, on ne pense pas à ces choses-là.

Il y avait plusieurs familles avec enfants sur ce terrain. Nous étions assez loin les uns des autres pour préserver nos tranquillités, et, le jour, les enfants partaient jouer………………. sans crainte, sur les plages, les champs de goémon et les chemins creux.

Je ne me souviens pas de mes frères et soeur dans ces moments-là. Ils partaient le matin, revenaient pour manger, repartaient. J’étais la plus jeune avec Isabelle, et nous passions nos journées à nous inventer des aventures sur la plage de rocher.

Les hommes passaient leur temps à jouer aux boules dans le chemin de terre creux (rien à voir avec un boulodrome bien lissé !!), ou à la pêche en mer ou sur la côte. Eux aussi étaient en vacances.

Ma mère, par contre, ne l’était pas vraiment. Elle devait faire, avec  un réchaud et un robinet d’eau froide, le même travail qu’à la maison. L’autocuiseur fonctionnait à plein rendement pour la soupe du soir ou les repas. La seule différence était dans les mets cuisinés.

La nourriture, elle aussi, fait parti des souvenirs. Cette Bretagne bizarre où l’on ne trouvait pas de beurre doux, mais uniquement du beurre salé. Où les crêpes étaient aussi fines que de la dentelle, où les brioches étaient fourrées avec des raisons secs, où l’on ne trouvait pas de baguette de pain mais des boules de seigles moelleuses, où le légume phare était l’artichaud !! Les repas étaient remplis des produits de la pêche des hommes de la famille : tourteaux, crevettes, bouquets, coques et poissons.

Et cette odeur permanente de varech, d’iode…………… le cri des mouettes…………. le vent qui cache le soleil et apaise les coups de ce dernier.

Je n’y suis jamais retournée……… mes frères oui, et dans leurs récits, tout a changé. La côte est couverte de maisons, le champ n’est plus accessible. Les produits savoureux de mes souvenirs ont disparus. Les crêpes s’achètent au Leclerc du coin, comme le poisson, et non plus sur le port. Les commerces ont fermé, les coques ont reculé loin dans la mer….. C’est pour cela que je n’y retournerai pas, pour garder intacts mes souvenirs d’enfance. Pour qu’ils ne soient pas polués par mon regard d’adulte.

Ces dix-huit vacances m’ont donné suffisamment de souvenirs, pour une vie entière.

ile vierge nuit

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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