Ne pas sous-estimer l’importance des ascenseurs en généalogie

Dans ma généalogie, j’ai un Nicolas Leroy marié à une Jeanne Laurent. Jusqu’ici, tout va bien. Ce sont mes sosas 294 et 295, à la 9e génération.

Ils se sont mariés le 23 novembre 1727 à Angerville-l’Orcher, en Seine-Maritime, et, sinon il n’y aurait pas d’histoire, leur acte de mariage n’est pas filiatif.

Angerville l_Orcher 1728 M Leroy-Laurent

 

Visiblement, l’un des deux est de Manneville-la-Goupil, et l’autre d’Angerville-l’Orcher. Ce qui ne veut pas dire qu’ils y sont nés. Tous les enfants naissent à Angerville-l’Orcher, huit en tout, trois garçons et cinq filles, dont deux décèdent en bas-âge.

Je cherche les décès de Nicolas et Jeanne, à Angerville-l’Orcher, pour avoir une idée de la date approximative de naissance. Je ne trouve qu’un Nicolas Leroy, qui décède le 17 septembre 1771, à l’âge de soixante ans environ. Il doit donc être né vers 1710. Cela lui ferait dix-huit ans à son mariage, ce qui est un peu jeune mais pas aberrant.

Angerville l'Orcher 1771 D Leroy Nicolas

Et je ne trouve aucun décès pour Jeanne Laurent (Lorent).

Je continue mes recherches sur Nicolas. A Angerville-l’Orcher, je trouve un Nicolas Leroy, né le 12 novembre 1711, fils de Girard Leroy et de Catherine Elisabeth Lecointre. Un petit tour sur le net m’indique que tous les amateurs ayant mis leur arbre en ligne, ont intégré ce Nicolas comme étant le bon.

Mais il me faut une preuve. Sinon, la filiation n’est pas certaine. Les signatures à son mariage ne donnent rien. Les parrains et marraines aux baptêmes de ses enfants non plus. A son décès, Jacques et Girard Leroy, ses frères, sont présents. Cela ne m’apporte rien de plus puisque, effectivement, Girard Leroy et Catherine Elisabeth Lecointre ont eu six enfants dont ces trois-là : Nicolas, Jacques et Girard. J’aurais préféré un fils ou un beau-frère comme témoins.

Je tente donc une autre approche, et je recherche, via les bases en ligne, les mariages des enfants de Girard Leroy et Catherine Elisabeth Lecointre. On ne sait jamais, une Jeanne Laurent belle-soeur sera peut-être présente. Et je trouve deux mariages de Nicolas Leroy, un en 1747, à Graville, à l’âge de trente-six ans, avec une Marie Anne Hauchecorne, et un en 1755, à Angerville-l’Orcher, à l’âge de quarante-quatre ans, avec une Françoise Lecompte.

Cela pourrait coller avec le mien car ces mariages ont lieu après la naissance du dernier enfant de Nicolas et Jeanne. Hypothèse donc : Jeanne est décédée avant 1747 et Nicolas s’est remarié. Mais je ne trouve toujours aucune trace de ce décès. Je tourne en boucle.

En généalogie, lorsque l’on bute sur une ascendance, il faut faire l’ascenseur : descendre et remonter, par un autre biais.

Je reprends donc les enfants de Nicolas et Jeanne, et je recherche leurs mariages et décès, en quête d’indices et de témoins.

Pour ma sosa 147, Anne Leroy, leur deuxième enfant, ils ne sont pas indiqués décédés. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne le sont pas. Parfois, les curés ne l’indiquent pas. S’il y avait eu une indication de ce genre pour les parents de l’époux, comme défunt pour le père et pas pour la mère, j’aurais pu en déduire que les parents d’Anne étaient vivants tous les deux, mais là, je ne peux rien affirmer.

L’acte de mariage de sa soeur, Marie Jeanne, apporte plus de renseignements : elle est domiciliée depuis deux ans à Ingouville, où elle épouse, le 11 novembre 1771, Charles Fieffé. Autre renseignement important : son père a donné son consentement.

Le père du marié est indiqué décédé donc : la mère du marié, qui donne son consentement également, devant notaire, et les parents de la mariée sont présumés être en vie. Or, le Nicolas choisi est décédé le 17 septembre 1771, soit presque deux mois avant. Et s’il avait donné son consentement avant de mourir ? Le curé l’aurait-il indiqué ? Et pourquoi donne-t-il son consentement ? Il est malade et ne peut aller à l’église ? Ou il vit ailleurs ? Le curé n’a rien indiqué sur le sujet.

Néanmoins, le doute grandit. Je cherche le décès d’un Nicolas Leroy et d’une Jeanne Laurent à Ingouville, mais rien. 

J’ai surement raté quelque chose. Je m’acharne et reprend l’acte de mariage d’Anne et j’y trouve l’information que j’avais raté : en 1763, il vit à Etainhus. C’est d’ailleurs dans cette paroisse qu’Anne se marie. Il faut toujours tout lire !!! Et ce qui est valable pour mes clients est valable pour ma généalogie !!!!

Mais est-ce une bonne piste ?

Je cherche un décès de Nicolas Leroy à Etainhus, et je le trouve le mercredi 4 octobre 1775, à l’âge de soixante-treize ans, et comme preuve, son gendre Charles Pierre Nicolas Fieffé, est présent.

Etainhus 1775 D Leroy Nicolas

Le Nicolas Leroy décédé en 1771 à Angerville-l’Orcher est bien le fils de Girard Leroy et Catherine Elisabeth Lecointre, vu les témoins à son inhumation, mais ce n’est pas mon sosa 294.

Bien, j’ai coupé une fausse branche à mon arbre, mais je suis toujours sans ascendance pour mon Nicolas.

Puisque son acte de sépulture m’a donné une preuve, je vais peut-être en trouver une autre, car l’autre témoin est Jacques Lebaube, journalier d’Angerville-l’Orcher, son neveu.

Et hop, en piste, à la recherche d’un mariage Lebaube-Leroy ou Lebaube-Laurent (peut-être un neveu par alliance).

C’est un mariage Lebaube-Leroy que je trouve, celui de Pierre Lebaube et Catherine Leroy, le 6 novembre 1736, à Angerville-l’Orcher, et il est filiatif. Catherine est la fille de défunts Jacques Leroy et Marie Bisson. En fait c’est Buisson.

Angerville l'Orcher 1736 M Lebaube-Leroy

Jacques Leroy et Marie Buisson se sont mariés en 1695 à Hermeville et ils ont eu environ douze enfants, dont Catherine le 24 mars 1709, et Nicolas, le 19 mars 1702. Autre preuve, Catherine et son mari ont bien eu un fils, Jacques, né le 1er février 1738, le neveu présent aux obsèques du tonton.

Une fois encore, l’ascenseur a été utile. Je crains de devoir encore l’utiliser pour cette ascendance, car l’acte de mariage des parents Leroy n’est pas filiatif. Pire encore, il est à moitié effacé et la date exacte n’est pas lisible, pas plus que les signatures (marques).

Hermeville 1695 M Leroy-Buisson

Et jeanne Laurent, me direz-vous, où et quand est-elle morte ?

Elle a survécu à son mari et est décédée le 20 février 1782 à Saint-Romain-de-Colbosc, où vivait sa fille, Anne. Cette dernière est décédée deux ans après sa mère. Pierre Lemoine, le gendre, est là pour le confirmer.

Sainr Romain de Colbosc 1782 D Laurent Jeanne

Conclusion :

  • Ne jamais se contenter de ce qui semble bon sans en avoir la preuve
  • Le moindre détail d’un acte peut avoir son importance
  • L’ascenseur reste un bon moyen de transport pour véhiculer la recherche en généalogie.

NB : Les actes paroissiaux sont tirés des archives départementales de Seine-Maritime 

 

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Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

Articles: 1379

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