O comme l’Oubli de Guillaume Marie Le Cadre

Guillaume Marie Le Cadre est né à Questembert, Morbihan, le 28 février 1840, fils de Jean Pierre Le Cadre, quarante-deux ans, couvreur en paille à Kerguélo, et de Margueritte Boulho, quarante ans.

Le 10 février 1863, Guillaume Marie, vingt-trois ans, épouse, à Blois, Aimée Césarine Lorgeou, vingt-deux ans. Elle est née à Beaugency, dans le Loiret, fille de Jean Louis Lorgeou, employé au chemin de fer, domicilié à Blois au jour du mariage, et de Marie Aimée Victoire Chauvin.

Le jour de son mariage, Guillaume Marie est employé à l’asile d’aliénés. Cinq ans plus tard, il travaille, comme beau-papa, pour les chemins de fer. Ses parents sont décédés à Questembert, sa mère depuis six ans, et son père depuis quelques jours seulement, le 11 janvier.

Comment Guillaume Marie a-t-il atterri à Blois ? Peut-être par le service militaire ?

Une fois marié, Guillaume Marie change de métier et entre au chemin de fer, comme garde ligne. Il gagne un nouveau métier et un logement, dans les maisonnettes du chemin de fer, à Chouzy. Un autre garde ligne vit dans la maison voisine, Joseph Née, avec sa femme, et leur fille.

C’est dans cette maison que naît leur fille, Octavie Eugénie Césarine, le 9 mars 1867, dans la maison n°144.

Elle est tout proche du lieu de travail de Guillaume Marie, à seulement six cents mètres de la route de Chouzy.

Chouzy

Le 8 juin 1868, Marie Aimée Victoire, le soir venu, attend son mari. Les trains n°8 et 504 sont passés, mais il n’est pas revenu. Inquiète, elle part au-devant de lui. Arrivée à deux cents mètres du ont de la la Cisse, elle trouve son mari, étendu entre les voies, sur le dos, la jambe coupée du corps au niveau du genou, et restée sur la voie.

Guillaume Marie a été heurté, vers 10h40 du soir, par la machine 275 du train mixte n°8 venant de Tours et conduit par le mécanicien Boisgontier.

Il est probable que Guillaume marchait le long du rail en rentrant chez lui, ou qu’il traversait, lorsque le train l’a heurté.

On ne peut faire que des suppositions, car Guillaume Marie a tout oublié. Il n’a gardé aucun souvenir de l’accident.

Prévenus à 11h59, le chef de gare de nuit, accompagné du chef de gare d’Argy, du docteur Arnoult et du commissaire de surveillance administrative ainsi que du personnel et matériel nécessaires, quittent la gare de Blois pour rejoindre le lieu de l’accident. Il est 1h15 du matin.

Après avoir récupéré le corps, il est de retour à 2 h 42 en gare de Blois et Guillaume Marie est conduit à l’hôtel-Dieu pour y subit l’amputation, soit près de quatre heures après avoir été heurté par le train.

Les amputations sont des opérations risquées à cette époque. Le pauvre Guillaume Marie en sera le funeste témoin. Le 25 juin, dix-sept jours après l’accident, il décède à six heures du matin à l’Hôtel-Dieu. Il n’a que vingt-six ans.

Il laisse une jeune veuve du même âge et une petite fille d’un an.

Aimée Césarine ne se remariera pas. Elle partira vivre à Paris, dans le 14e arrondissement où elle décèdera, le 20 janvier 1894, à l’âge de cinquante-trois ans. Elle n’assistera pas aux noces de sa fille, qui épousera, sept mois plus tard, Joseph Henri Gustave Debeauvais, employé de commerce à Pont-Noyelle, dans la Somme.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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