Non, je ne rejoins pas le gang des “Philomène”. Je n’ai aucune Philomène sur mon arbre. Mais là, puisque je viens d’en trouver une, je ne peux pas ne pas faire un petit clin d’oeil aux membres du gang !!
Tout commence à Onzain, le 16 mars 1893, à trois heures du matin. Rosalie Angélique Cothereau, vingt-cinq ans, célibataire, domestique dans la commune, accouche chez son père, Jean Stanislas Cothereau.
Je serais bien d’avis qu’il faut lui offrir une paire de lunettes à ce grand-père, car, bien qu’il assiste à l’accouchement, ce qui est bien précisé sur l’acte de naissance, lorsqu’il se rend le lendemain à la mairie, à huit heures du soir, il déclare que sa fille a accouché… d’un garçon.
Il nomme ce garçon : Louis Pierre. Il est même précisé, dans un autre acte, qu’il a présenté l’enfant à l’officier de l’état civil. Ne l’a-t-il pas démailloté ? S’agit-il d’un cas médical connu où le sexe de l’enfant est difficile à déterminer ? Dans ce cas, bien sûr, les hommes choisissent toujours le garçon !! Une paire de bras pour travailler, c’est mieux non ?
Le problème, c’est que c’est une fille, que la mère appelle Germaine Philomène.
Le 8 décembre 1909, voilà le grand-père obligé d’aller au tribunal de Blois, pour demander une rectification de l’état civil de sa petite-fille : il faut changer les prénoms et surtout le sexe !! C’est chose faite, et la mention marginale de rectification est dressée au-dessus de l’acte de naissance.
Nous sommes en 1909, imaginez le bazar que cela aurait été s’il avait attendu quelques années !! L’armée aurait ordonné une enquête poussée, imaginant une insoumission face à la guerre. Des dossiers comme cela, il y en a en justice.
Germaine Philomène se marie à Limeray, Indre-et-Loire, le 3 février 1912, avec Modeste Adrien Billault. Malheureusement, ce mariage sera de courte durée. Modeste est grièvement blessé le 19 mars 1916, à vingt-une heure trente, par éclats d’obus dans les tranchées nord-est de Verdun. Il décède le 24 avril 1916, à l’hôpital auxiliaire de Vaux-le-Vicomte. Il rejoint les autres “Mort pour la France” du monument de Limeray.
Étant donné la période durant laquelle la prénom de Philomène a été donné, je me demande combien ont été veuves de guerre.