Il y a treize ans jour pour jour s’éteignait l’homme le plus fort, le plus beau et le plus intelligent du monde, un géant que je croyais indestructible ………. mon Papa.
Alors, évidemment, aujourd’hui, je pense à lui……. mais pas comme à un vieil homme terrassé par la maladie…… non, je vais penser à lui comme au petit garçon qu’il a été, puis au jeune homme et ces souvenirs s’entre-mêlent forcément avec le sport, du temps où on ne l’appelait pas Jacques, mais Jacky, Jacky Lescène.
Les photos jaunies de son enfance et des débuts de sa vie d’adulte ont quasiment toutes été prises sur un terrain de sport et pas n’importe lequel, celui du HAC, le Havre Athlétique Club. Club mythique créée en 1872 et dont mon enfance a été bercée des exploits.
Dès ses dix ans, il pose avec les autres Minimes 4 du HAC pour la saison 1934-1935.
A l’opposé de sa photo, son père, Georges. Un sportif lui aussi, jusqu’à cette saison-là, 1934-1935, où un camion de lait vire sa moto de la route et le laisse pour mort. Réveillé à la morgue par le froid des dalles de marbre, il y perdra une jambe.
Fini le sport, les handisports n’existaient pas encore. Il devra se contenter de suivre son fils sur les stades, plantant son pilon dans le sol et agitant sa canne vers l’arbitre en vociférant. Il avait de la voix, le père Georges.
Parmi ces témoignages du passé, sa carte d’identité de 1946-1947 du Football Association.
Précieusement conservée parmi les photos et les coupures de presse, cette petite carte trone fièrement dans le classeur des souvenirs.
Il a déjà vingt-trois ans et pose au côté de ses compagnons de stade du HAC Football 1ere amateur, dont les noms sonnent encore :
Renout, Le Pasquet, Laignel, Ducret, Lebon, Gervais, Bance, Pennetier, Ducret et Marie.
Qu’ils semblent âgés et matures comparés aux jeunes d’aujourd’hui.
Évidemment, la guerre est passée par là.
Papa s’est pris un maison sur la tête et un long séjour à l’hôpital.
Le Havre a été détruit, laminé, martyrisés par des milliers de tonnes d’explosifs, dont des bombes au phosphore , rasé à 80%.
Alors forcément, les regards sont plus sombres, les visages plus sérieux.
Mais le sport est là, a toujours été là. Une parcelle d’insouciance dans un monde détruit par la guerre.
Les photos se succèdent, et les sports s’entremêlent : natation dès 1935, athlétisme, rugby et bien sur football. Jacky est champion de Normandie en saut en hauteur (1.78 m) en 1944 avant de se fixer sur le foot. Du moins en Normandie.
Il quitte le HAC pour la Berrichonne lorsqu’il quitte la Normandie en 1948, rejoint l’AAJB en 1950, devient entraineur de l’USSAN de 1954 à 1959 puis quitte le foot pour créer le RCB où il finira sa carrière de sportif à quarante-cinq ans, en 1969, ayant troqué le ballon rond contre le ballon ovale.
Toutes ces photos font revivre l’enfant, le jeune homme mais pas uniquement. Elles font revivre aussi ses compagnons, ses équipiers aujourd’hui disparus.
Papa et le HAC, c’était toute une histoire, une histoire par la petite porte, une histoire qui a laissé des traces…….. photographiques.
Bonjour, j’ai reconnu Albert LE PASQUET mon oncle. Il est décédé en 2008 au Havre. Le foot a toujours été sa passion. Merci pour cette photo. Bien cordialement. Viviane BARTH-JEUVREY.
J’ai aussi la photo de 1946 si cela vous dit, Albert Le Pasquet y est aussi.