La rumeur est une chose terrible. D’où part-elle ? Personne ne le sait, mais ses effets sont dévastateurs.
En 1918, une rumeur court sur Armand Berger, du 46e, natif de Vendôme. Il aurait été fusillé, fusillé pour l’exemple, fusillé pour manquement à l’honneur, pour désertion, trahison ? Tout est possible avec les rumeurs.
Ces rumeurs sont parvenues à la famille qui s’en désole : leur fils serait mort et d’une mort infamante et rien ne vient contredire la rumeur, jusqu’à ce que la mère reçoive un courier, du sous-lieutenant Faulcon, du 46e d’infanterie, commandant la 1ère compagnie. La rumeur est parvenue jusqu’à lui et il tient à laver l’honneur de ce jeune homme de vingt-deux ans.
Le sous-lieutenant n’était pas encore à la tête de la 1ère compagnie, lorsque Armand a disparu, vers le 15 mars 1918, au château de Tirlancourt. Il sait que plusieurs soldats ont été faits prisonniers à cet endroit, peut-être est-ce le cas d’Armand.
Mais il a entendu parler de lui et affirme qu’il est, au contraire, un bon soldat, faisant parti d’un groupe d’élites volontaires pour les coups de main. C’est d’ailleurs en faisant l’un de ceux-ci qu’il a disparu.
Il n’a jamais été question qu’il eut, un seul instant, manqué à son devoir et il réfute les mensonges qui courrent sur son comportement et sa fin.
Le dicton le dit, il n’y a pas de fumée sans feu. Là, il n’y pas de feu, mais la fumée ?
Peut-être vient-elle du fait que, le 17 mai 1917, Armand a manqué à l’appel et qu’il a été déclaré déserteur, deux jours plus tard ? Cela faisait plus d’un an qu’il était au 46e régiment d’infanterie. Mais il est revenu le 22 juin et il n’y a visiblement pas eu de sanction, puisqu’il a été affecté à une groupe d’élite. Ses raisons devaient être valables mais elles ne sont pas mentionnées dans son feuillet matricule.
Un an plus tard, Armand est porté disparu, présumé prisonnier. En réalité, il a été tué sur le champ de bataille. Retrouvé, il a été inhumé au cimetière de Tirlancout, à Guiscard, le 1er août 1919.
Armand Berger est Mort pour la France, contrairement à ce que la rumeur prétendait.
Armand est bien mort, mais l’honneur est sauf et la rumeur nauséabonde a été effacée à la face du monde, par la lettre du sous-lieutenant, imprimée en première page du journal local