Le siège de Sébastopole, épisode principal de la guerre de Crimée, a duré onze mois, d’octobre 1854 à septembre 1855. Je ne vous parlerai pas ici de ces onze mois. Un article n’y suffirait pas. Je vais vous parler du mois de mai 1855.
Le 1er mai, les batteries françaises tirent 6 000 coup de canon. Les combats ont lieu la nuit, en avant du bastion central.
Le 2, à trois heures de l’après-midi, les Russes tentent de reprendre leurs positions. Les combats sont des corps-à-corps, à coups de pioche, de pierre, mais malgré trois attaques, les Russes échouent. Les troupes françaises les pourchassent jusqu’aux abords du bastion central où quelques hommes sont engloutis par l’explosion des mines. Bilan de ces deux jours de combats : 11 officiers tués, 45 blessés, 216 sous-officiers et soldats tués, 1 058 blessés. Dans le même temps, les Russes ne perdent que 25 officiers (10 tués) et 823 hommes de troupes (283 tués). Louis Message, de Dracy dans l’Yonne, perd son oeil gauche, enlevé par des éclats de pierre. Jacob Schütz, de Giessen, Grand-Duché de Hesse, soldat au 1er régiment de légion étrangère, est amputé de la jambe droite, touchée par un coup de feu. Jacob Schwartz, de Bohenheim, en Hesse, soldat au 1er régiment de légion étrangère est touchés de plusieurs coups de feu au bras droit, à la tête et à la cuisse droite. Il perd son bras, amputé.
Le 3 mai, un cessé le feu permet d’enterrer les morts et de rendre aux Russes 150 cadavres restés dans les tranchées ou près des parapets. Le mauvais temps s’installe et la pluie aggrave la situation. Pierre Ferdinand Morin, de Rouen en Seine-Maritime, caporal au 74e de ligne, est atteint par un éclat d’obus à la main droite.
Le 5 mai, un magasin de poudre explose dans une batterie des attaques de gauche, faisant quatre morts et de nombreux blessés, dont un officier.
Le 6 mai, une partie de l’armée piémontaise arrive, forte de 4 000 hommes.
Le 15 mai, une bombe russe met le feu au magasin de poudre d’une batterie de l’extrême droite. Trois zouaves de la garde sont tués et quatre sont blessés. Les Russes tentent deux sorties près du Cimetière sans succès. Les pertes françaises durant ces attaques sont : 1 officier tué, 6 blessés, 8 sous-officiers et soldats tués, 107 blessés.
Le 20 mai, les effectifs des troupes françaises sont de 120 096 hommes.
Le 21 mai, dès neuf heures du soir, les combats reprennent au Cimetière. Les forces russes engagées sont considérables et les positions sont prises, perdues, reprises plusieurs fois au cours de la nuit. Le combat est un corps à corps, mêlée sanglante d’une lutte à la baïonnette. La France perd 19 officiers tués, 59 blessés, 496 soldats tués, 1 403 blessés et 26 portés disparus. Cette fois, les pertes Russes sont supérieures aux pertes françaises : 783 morts et 1 760 blessés).
Plusieurs médecins sont blessés au cours des affrontements qui reprennent dans les nuits du 22 au 24 mai, durant lesquelles 10 000 coups de canon sont tirés. Antoine Monestier, de Sévérec en Aveyron, soldat au 2e voltigeurs de la garde, est blessé. Un coup de feu traverse sa main gauche. Charles Morisot, de Saint-Menge dans les Vosges, soldat au 1er voltigeurs de la garde, est atteint par un coup de feu à la main gauche. Simon Raphaël Rigault, de Veneux-Nadon en Seine-et-Marne, soldat au 28e de ligne, est amputé du bras gauche, touché par un éclat d’obus.
Le 23 mai, à la même heure, les combats reprennent avec dix bataillons français qui parviennent à prendre définitivement les positions. L’ennemi se retire en désordre dans le ravin de la Quarantaine. Cette fois, les pertes sont moindres : 4 officiers tués, 21 blessés, 61 soldats tués, 404 blessés et 39 portés disparus. Les pertes Russes sont considérables et la journée du 24, la suspension des hostilités permet d’enterrer les morts. 1 214 cadavres sont rendus aux Russes. Antoine Moussour, d’Allassac en Corrèze, soldat au 18e de ligne est blessé à la main gauche d’un coup de feu. Raymond Saumande, de aint-Plantay-d’Ans en Dordogne, est amputé de la jambe gauche, touchée par un éclat d’obus. Jean Baptiste Joseph Pierrache, de Bendruel-au-Bac, dans le Nord, soldat au 1er voltigeur de la garde, est amputé du bras gauche, touché par un éclat de grenade.
Le 29 mai, Stanislas Charles Saillard, de Rambouillet en Seine-et-Oise, lieutenant au 28e de ligne, perd la jambe droite, touchée par un éclat d’obus. Le 31 mai, Michel Warin, de Manheuller, dans la Meuse, soldat au 2e génie, est amputé du bras droit, fracturé par un éclat de grenade. Le même jour, Benoît Xavier Obei, de Honschoote, dans le Nord, soldat au 21e régiment de ligne, est amputé du bras droit, touché par un éclat de bombe.
Et les combats vont durer ainsi jusqu’au mois de septembre.