Parfois, la différence entre vivre et mourir tient à peu de choses. Ce n’est pas le sieur Alliot, marchand vinaigrier de Blois qui me contredira. Mais il n’imaginait surement pas qu’il devrait la vie à sa rapidité à se déshabiller.
Le 16 septembre 1843, le sieur Alliot est vêtu comme toujours, avec dans la poche, une boîte de ces si pratiques allumettes chimiques.
Celles-ci étaient faites d’un mélange de sulfure d’antimoine, chlorate de potassium, gomme et amidon. Depuis 1831, du phosphore blanc a été ajouté à la formule, pour supprimer l’odeur nauséabonde des allumettes. Les allumettes suédoises, plus sûres, ne seront inventées que l’année suivante.
En attendant, ces allumettes si pratiques sont également dangereuses ; dangereuses pour les ouvriers qui les fabriquent, qui sont atteints de maladies osseuses, surtout au niveau des mâchoires, à cause du phosphore blanc ; mais également dangereuses pour les utilisateurs. On ne compte plus les accidents domestiques liés à l’utilisation de ces petites baguettes.
Ce jour-là, sans qu’il puisse l’expliquer, les allumettes dans la boîte, dans sa poche, furent frottées et s’enflammèrent toutes d’un coup.
Si le sieur Alliot n’avait pas réussi à se déshabiller à toute vitesse, il en serait certainement mort.
L’histoire ne dit pas si le strip-tease a eu lieu à domicile ou en public, dans la rue.