U comme l’Usine électrique des Montils

Le 17 octobre 1913, à 9h38, dans la cour de l’usine électrique des Montils, qui fournit le courant des tramways électriques départementaux, Louis Théodore Delcorte, quarante-trois ans, travaille.

Les montils - Usine électrique

Il est entrepreneur des travaux de charpentes en fer de la société Ch. Lefebvre. Louis est en train de monter au sommet d’un chariot métallique servant à la réparation de la ligne de transport, sur une voie de service. Le chef d’atelier de l’usine lui a demandé d’effectuer des modifications sur la partie supérieure de ce chariot.

Ce dernier s’éloigne lorsqu’il entend soudain, un crépitement. En se retournant, il voit Louis tomber à terre du haut du chariot.

Alors qu’il progressait dans son ascension, pour effectuer le travail demandé, Louis a enjambé une cornière qui forme garde-corps. Sa tête a touché par mégarde, le fil de la suspension caténaire, en circuit sous courant monophasé 6 000 volts, 25 périodes alors que ses jambes touchaient la pièce métallique. Le chariot, entièrement métallique, par l’intermédiaire des rails, est en contact direct avec la terre. Un court-circuit franc s’est produit, électrocutant le pauvre Louis.

La décharge le fait tomber à la renverse, sur un rail, d’une hauteur de près de cinq mètres. Dans la chute, il se fend le crâne. Son corps présente de nombreuses brûlures aux mains, aux jambes, à la figure et au corps.

Le chef d’atelier et plusieurs ouvriers se précipitent pour lui venir en aide.

Louis ne respire plus.

Ils le relèvent et commencent à pratiquer la respiration artificielle, pendant que le docteur Adolphe Boelle, des Montils, est envoyé chercher. Louis souffre d’une brûlure qui va de l’oreille droite et toute la région circonvoisine, cuir chevelu, tempe, face et cou, assez profonde, marquant le point d’entrée du courant. Il a une brûlure à la paume de la main droite et à l’avant-bras lorsque la main a saisi un fil conducteur, ainsi qu’une brûlure au mollet droit et une brûlure du scrotum mettant à nu la tunique vaginale. Cette brûlure très profonde parait marquer le point de sortie du courant.

Une telle blessure indique qu’il se trouvait à califourchon sur la cornière métallique qu’il enjambait, lorsqu’il a été électrocuté.

A ces blessures s’ajoutent celles provoquées par la chute : une plaie profonde du cuir chevelu, longue de quinze centimètres, et une paralysie faciale droite indiquant une probable fracture à la base du crâne.

Relevé sans connaissance, il est néanmoins rapidement ranimé, malgré ses blessures.

Le médecin tente tout ce qu’il peut malgré ces blessures : respiration artificielle, tractions de la langue, injections sous-cutanées d’éther, de caféine et d’huile camphrée. L’état de Louis semble s’améliorer, puis il perd connaissance, à plusieurs reprises et décède à une heure de l’après-midi.

Le docteur Duhamel, médecin à Blois, également appelé, à dix heures du matin, ajoute au rapport que les brûlures dont souffrait Louis, étaient du second et du 3e degré. Il attribue la mort de Louis soit à une congestion des organes internes, dont le cerveau, soit à la paralysie et dilatation d’un grand nombre de vaisseaux cutanés, ayant entrainé l’arrêt du cœur.

Si les circonstances de la mort sont bien établies, la responsabilité en est attribuée uniquement à Louis. Il aurait dû attendre que le courant soit coupé avant de monter sur la plateforme.

Louis était d’origine belge, marié à Maria Bertha Elisa Claes.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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