Un vert centenaire

Pour la deuxième semaine du geneathème de février proposé par Geneatech, le thème est la Saint Valentin. Sujet vaste !!!

J’ai cherché sur mon arbre un ancêtre à la hauteur de l’évènement, et j’ai trouvé un vert centenaire. Enfin, peut-être, puisque je n’ai pas son acte de baptême, il va être difficile de s’en assurer. Quel rapport avec la saint Valentin ? Il s’est marié au moins quatre fois.

Pour l’heure, sur mon arbre, en 690^e position sosa, se trouve François Guyomar dit Ledan, breton de son état, ayant passé toute sa vie à Plouguiel, dans les Côtes-d’Armor.

A l’ouverture de mon fichier, il n’a pas d’ascendance, mais compense ce manque par quatre épouses et treize enfants.

Pourquoi l’ai-je qualifié de vert centenaire ?

Parce que, s’il est vraiment centenaire à son décès, comme l’indique le curé, dix ans avant, donc à quatre-vingt dix ans, il faisait encore des enfants.

Il est temps de reprendre les données pour voir si je peux les affiner.

Le jeudi 3 novembre 1650, François Guyomar, dit Ledan, de Plougrescant, épouse Anne Denis, à Plouguiel. L’acte de mariage n’indique que des Denis comme témoins. François aurait quarante-et-un ans. Vieux pour un premier mariage ? Si c’est le cas, il s’est rudement rattrapé après.

L’année précédente, le 31 juillet 1649, Raoul Guyomar dit Ledan, également de Plougrescant, s’est marié avec Anne Le Bezouer et ses témoins étaient Pierre Guyomar dit Ledan et Marie Le Brun. Peut-être s’agit-il de ses parents ? Quel lien a-t-il avec François ? Frère ? Cousin ?

Le 9 février 1655, un enfant naît chez François et Anne, Pierre, qui ne vit que quelques mois. Il décède le 3 décembre 1655. Sa mère est morte le jour de sa naissance.

François attend plus d’un an avant de se remarier. Le mardi 3 octobre 1656, toujours à Plouguiel, il épouse Aliette Jacquet. Il aurait quarante-sept ans et elle vingt-quatre. Il est encore dit de la paroisse de Plougrescant. Ses témoins sont Louis Denis et Marie Le Rallec, visiblement du côté de sa première femme.

Ils vont avoir quatre enfants, tous nés à Plouguiel : Jean, né le 26 mars 1658 et décédé le 11 avril de la même année, Aliette, comme sa mère, née le 26 août 1659, qui décèdera l’année de ses treize ans, Raoul, né le 10 mars 1661, et Marguerite, née le 1 novembre 1663. La mère décède le 15 novembre et la petite Marguerite la suit deux jours plus tard. A la naissance de Jean, Raoul Guiomarch dit Ledan est présent et il est parrain d’Aliette.

Cette fois, François ne reste pas longtemps célibataire. Il se remarie trois mois plus tard, le 23 février 1664, avec Louise Dornadic, ma sosa 691. Le seul Guyomarch présent est Philippe Guyomarch dit Ledan et Eliete Le Manchec, sans lien de famille d’indiqué.

Six enfants vont naître, dont seulement deux vont atteindre l’âge adulte et avoir une descendance : Marguerite née le 20 mars 1668, ma sosa 345, et Laurent, né le 6 décembre 1669.

Le 23 août 1687, Louise Dornadic, la troisième femme de François, décède, à l’âge de cinquante-trois ans.

François va rester célibataire pendant huit ans. Le lundi 3 octobre 1695, il épouse Françoise Truvaz (ou Urvoaz), à Plouguiel. Ils se sont fiancés le 23 août. Les bans ont été proclamés les 24 et 28 août, et 4 septembre. Ce n’est donc pas un mariage précipité.

Malheureusement, l’acte est endommagé. Il est indiqué âgé de ?cinq ans, et Françoise Truvaz de quarante ans environ. S’il est bien centenaire à son décès, il aurait quatre-vingt-cinq ans. Sont présents, à son mariage, Laurent, Raoul et Marguerite, ses enfants de son premier mariage.

Là, ça coince. Il n’y a pas d’enfant vivant de son « premier » mariage, de son deuxième, il y bien Raoul, mais pas de Laurent ou de Marguerite, et de son troisième, il y a bien Marguerite et Laurent. Le curé s’est-il trompé ? S’agissait-il de « ses » premiers mariages ?

Malgré les quarante ans de Françoise Truvaz, le couple va avoir deux enfants : Péronnelle, le 27 août 1696 et Marguerite, le 7 avril 1699. François aurait quatre-vingt dix ans. Les parrain et marraine de la petite dernière sont Raoul Guiomar dit Ledan et Marguerite Guiomard dit Ledan.

Le 1^er avril 1709 François Guiomar dit Ledan décède à Plouguiel, à l’âge d’environ cent ans.

Dans l’hypothèse où le curé se serait trompé, j’ai recherché des baptêmes de François Guyomar sur les paroisses de Plougrescant et Plouguiel. Malheureusement, à Plougrescant, il y a un gros trou dans les registres de baptême entre 1531 et 1641, en plein dans la période qui m’intéresse.

A Plouguiel, il n’y a rien avant 1622.

Partons de l’hypothèse un : le curé s’est trompé, et j’ai de la chance, il y a deux François nés après 1622. Pour se marier en 1650, c’est possible, même si je peux rater des naissances avant. Eliminons déjà cette piste.

J’ai un François, né le 10 décembre 1628, fils de Rodolphe Guiomarch et de Anne Jan.

J’ai un François, né le 25 mai 1630, fils de François dit Ledan et Anne Henry.

C’est court. Je peux éliminer le second, car il épouse Catherine Le Jouanc, le 17 janvier 1660, alors que mon François est toujours marié avec Aliette Jacquet.

Si je m’attache aux pas de Rodolphe (ou Raoul) et Anne Jan sa femme, je leur trouve d’autres enfants : Yvo, né le 27juin 1631, Marc, baptisé le 24 mars 1635 et inhumé le 4 mars 1636. Raoul est décédé le 30 décembre 1650, mais l’acte n’est pas en ligne donc, je ne peux pas voir qui est témoin.

Sa femme, Anne, par contre, est décédée le 28 novembre 1669. Son fils, François, est bien présent, mais il n’y a pas de mention de dit Ledan. Est-ce un oubli ou tout simplement il ne s’agit pas du mien ?

Je ne peux trancher de ce côté-là.

Autre hypothèse : le mariage avec Anne Denis n’est pas son premier mariage, vu son âge supposé.

Alors, le François dit Ledan époux de Anne Henry est-il le mien ? Je ne le pense pas, car si Anne Henry est présente au mariage de François avec Catherine Le Jouanc, son fils, son époux n’est pas là. Et au mariage de Guillaume, fils de François et Anne Henry, le 26 juin 1655, la mère est présente, mais le François présent n’est pas affilié. Il s’agit donc de son frère. Il y a bien un François Guiomar dit Ledan qui décède le 28 novembre 1640, mais l’acte n’est pas en ligne, je ne peux donc pas savoir s’il y a des détails sur sa vie et s’il s’agit du mari de Anne Henry. Je vais néanmoins fermer cette piste.

Je n’ai pas d’enfant né d’un François Guiomar qui ne soit pas identifié plus haut. Soit mon sosa n’a pas eu d’enfants d’un hypothétique premier mariage, soit cela ne s’est pas passé à Plouguiel. A Plougrescant, entre 1641 et 1650, pas de naissance d’enfant d’un François.

Résultat : toujours des questions et pas de réponses. Mais des pistes ont été fermées.

Oups, je n’ai pas regardé la piste de Raoul Guyomar dit Ledan marié une année avant mon François. Ses témoins étaient Pierre Guyomar et Marie Lebrun. Il y a bien une Marie Lebrun mariée à un Yvon Guyomarch, à Plougrescant. Le second décède le 15 octobre 1649, à Plougrescant, la première le 13 janvier 1659. Toujours à Plougrescant, il y a bien un Pierre Guyomar dit Ledan, marié à une Louise Le Manchec le 22 juin 1650 et qui décède le 2 avril 1659. Mais il y a également un Pierre Guyomar dit Ledan marié à Jeanne Labbé dont le fils, Louis, épouse Catherine Thomas, le 6 novembre 1656 à Plouguiel.

Je commence à m’y perdre !! Surtout que le « dit Ledan » n’est pas systématiquement accolé au nom Guyomar, ce n’est donc pas une piste absolue.

Allez, je reprends les actes de baptême à la recherche d’un lien de famille quelconque et, eureka !!

A l’inhumation de Clémence Le Ledan (et oui, le nom a encore changé), fille de François Le Ledan et de Louise Dornadic, le 6 mars 1672, sont présents ses parents, et, Lorent Olier son oncle.

Un petit tour sur le net et Lorent Olier a épousé Isabeau Guyomar, le 11 juillet 1672 à Plouguiel. Elle est la fille de Lorans Guyomar et Marguerite Benech. Des petits nouveaux !! S’agit-il de la sœur de mon françois ?

Vais-je enfin avoir le fin mot de l’histoire ?

Sauf que, le mariage a lieu après l’inhumation, il n’est donc pas encore oncle. Et je trouve un Laurent Ollivier (Olier) marié avec Françoise Dornadic le 27 avril 1660. L’oncle serait un oncle maternel et non paternel. Encore une fausse piste.

Je vais devoir arrêter mes recherches là, faute de pouvoir aller chercher aux archives d’autres pistes.

Je vais laisser le bénéfice du doute au curé qui a inhumé mon François, et continuer, faute de preuves contraire, à le qualifier de vert centenaire.