La lecture attentive des actes pointe parfois le doigt sur des peines infinies.
Lorsque Marguerite Hery, sa femme, met au monde une petite fille, Marguerite, Jacques Blaise Mercier a-t-il été le plus heureux des hommes ?
Sa fille est née le 11 février 1850, à huit heures du soir et il se rend, à la mairie, le lendemain, pour déclarer sa naissance, à huit heures du matin. Quoi de plus naturel, n’est-ce pas ?
Sauf qu’à cette heure-là, la petite Marguerite est déjà morte. Elle n’a vécu qu’une petite heure.
Jacques Blaise aurait pu déclarer les deux évènements, dans le même déplacement. Mais non, il va retourner à cinq heures du soir, à la mairie, pour déclarer le décès de sa fille.
Difficile d’imaginer le chagrin d’un père, déclarant la naissance d’un enfant qu’il sait déjà parti. Était-ce insurmontable pour lui d’annoncer en même temps sa mort ? Lui a-t-il fallu tout ce temps, neuf longues heures, pour y parvenir ?