François Sommier naît le 3 mars 1847 à Avaray. Ses parents, François Sommier, terrassier, et Marguerite Bouget, sont mariés depuis le 19 mars 1844. Il est leur premier fils, né trois ans après leur seule fille, Marguerite, née le 20 juillet 1844. Il est suivi par deux autres garçons, Victor, le 7 avril 1849 et Ernest, le 25 février 1851.
François a sept ans lorsque, le 15 février 1854, sa mère décède, à Avaray. Son père ne se remarie pas. En 1856, toute la famille vit au hameau du Tertre. François, vigneron journalier, élève seul ses enfants : Marguerite devenue Ernestine, douze ans, François, dix ans, Victor devenu Auguste, sept ans et Ernest, cinq ans. Cinq ans plus tard, seuls Auguste et Ernest vivent avec leur père. Ce dernier a changé de métier et travaille désormais, comme employé au chemin de fer.
Lorsque François atteint ses vingt-et-un ans, il est jardinier à Orléans. Il tire au sort pour le service militaire à Mer. Il est exempté par son numéro, le 94, et passe sur le registre de la garde mobile, au cas où. C’est également le cas de son frère, Victor, maçon à Avaray, bon pour le service mais numéro 122 et qui passe aussi sur la liste de la garde mobile.
Le 19 juillet 1870, c’est la guerre contre la Prusse. Les deux frères partent ensemble pour le 75e mobile, 2e bataillon, 3e compagnie, le 17 août 1870, sous les ordres du capitaine Froger des Chesnes et du capitaine Lacroix. Après une courte période d’instruction, c’est le départ pour la guerre. Les deux frères n’auront pas à aller bien loin, les premières escarmouches ont lieu dans le département même, dans la forêt de Marchenoir.
Les combats s’enchaînent, meurtriers, Saint-Laurent-des-bois, Coulmier, Faverolles. Les témoignages parlent tous de la même chose : la peur, le froid, la faim, le sang, le froid, le froid, le froid.
Les températures sont polaires et décembre arrive.
Le 2 décembre 1870. Le deuxième bataillon approche du champ de bataille, à droite de la route de Faverolles à Loigny. Avec les deux autres bataillons du 75e mobile, il atteint Loigny au moment où les bavarois s’apprêtent à s’en emparer encore une fois. Le 3e bataillon contourne la commune avec l’appui du 2e. L’offensive des mobiles se heurte aux renforts reçus par les bavarois. Aucune aide ne viendra de l’artillerie, capturée par l’ennemi. Il n’y a que les fusils chassepots et remingtons pour répondre à l’armée prussienne et à son artillerie. Les français se replient sur Loigny, s’y barricadent et un combat désespéré s’engage, rue par rue, maison par maison, jusqu’à l’ultime combat, dans le cimetière. Le courage héroïque des hommes retranchés dans Loigny permet au gros de l’armée de battre en retraite, mais aucune aide ne pourra leur parvenir. La charge héroïque des zouaves pontificaux n’y changera rien, une charge à la baïonnette, meurtrière, trop tard pour sauver Loigny. Ceux qui peuvent s’enfuir le font, profitant de l’obscurité de la nuit, mais bon nombre de blessés restent là, sur le champ de bataille, livrés au froid glacial de décembre, où beaucoup vont mourir, congelés.
Une église sera construite à Loigny, à l’emplacement de l’église d’origine, détruite par la guerre. Dans l’église, une crypte renfermera les restes de plus de mille soldats inconnus, comme une sinistre répétition de la future nécropole de Douaumont.
François et Victor sont jetés dans la bataille. J’ignore quel va être le sort de Victor, mais François est blessé à la face d’un coup de sabre qui provoque une plaie pénétrante dans la région temporo-maxillaire droite. Les deux paupières de l’œil droit sont paralysées et il souffre d’une occlusion de cet œil. La guerre est finie pour lui, même s’il ne sera réformé que le 15 juillet 1871, avec gratification. Victor aussi va être blessé, à deux reprises, mais ses blessures sont non invalidantes. J’ignore juste durant quelles batailles il les a reçues.
Leurs blessures vont valoir aux deux frères la médaille militaire, le 16 novembre 1871 pour François et le 27 juillet 1871 pour Victor.
François s’est marié le 9 avril 1872, à Lestiou, avec Louise Lablé, et Victor s’est marié le 28 septembre 1874, à Avaray, avec Pauline Chevalier. Le recensement de 1906 les situe tous les deux dans leur commune natale, à Avaray.