Calendrier de l’Avent – 18 décembre – Jean Baptiste Caillot

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Papa Jean Baptiste Caillot est siamoisier. Maman Rosalie Duchemin est bobineuse. Ils sont mariés depuis cinq ans et vivent à Vattetot-sous-Beaumont. Hier, à onze heures du soir, Maman Rosalie a mis au monde un garçon, Jean Baptiste. C’est leur troisième enfant. L’aîné, Pierre Ipolite, est né en plein été, le 8 juillet 1808. La seconde, Bérénice, est née le 3 décembre 1810. Encore un bébé de décembre. Aujourd’hui, vendredi 18 décembre 1812, Jean Baptiste se rend à la mairie pour y déclarer son fils, Jean Baptiste, comme lui.

Il a la chance d’être marié, Jean Baptiste, parce qu’à vingt-six ans, l’empereur l’aurait enrôlé pour ses guerres. Mais il est marié et père de famille. La guerre, ce n’est pas pour lui. Deux semaines plus tôt, la grande armée a été décimée au passage de la Bérézina, en Russie. Jean Baptiste a du mal à imaginer une telle chose. A quoi peut bien ressembler cette Bérézina si meurtrière et si lointaine.

Les nouvelles de l’empire ne sont pas bonnes. Si Napoléon tombe, que deviendra la France ? Un roi va-t-il le remplacer ? Le dernier a été guillotiné avec sa femme. Jean Baptiste n’avait que six ans à l’époque et peu de souvenirs. Il n’a connu que la révolution puis l’empire. Son père l’a poussé à épouser Rosalie avant d’être en âge d’être pris par l’armée. Ce n’était pas pour lui déplaire.

Mais la France fait la guerre à tous les pays, seule contre tous et depuis tant d’années. Cela ne peut durer éternellement. Ce n’est pas bon. Tant de jeunes hommes sont morts, tant sont partis sans envoyer de nouvelles, morts, vivants, qui le sait ? Cela commence à grogner dans les foyers, à mesure que les jeunes doivent partir. Oui, il est temps que cela s’arrête. La campagne de Russie est un gouffre sans fin, dans lequel disparaissent tant de vies et d’espoir.

Et 1812 n’est pas une bonne année. La disette s’est installée dans le pays, et en Normandie, des révoltes ont eu lieu. La répression a été terrible. A Caen, huit normands, quatre hommes et quatre femmes ont été condamnés à mort et exécutés immédiatement. Pourtant, ils n’avaient tué personne, ils réclamaient juste de quoi manger. Mais l’empereur se méfie des émeutes du peuple alors la répression a été terrible.

Jean Baptiste est inquiet. Son petit garçon naît dans une époque bien sombre. Il est cinq heures du soir, la nuit tombe vite. Dès que le maire aura rédigé l’acte de naissance et que Jean Baptiste l’aura signé, il ramènera son fils à la maison, au chaud, auprès des siens.

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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