La série P est bien connue des généalogistes pour le cadastre. Elle l’est moins pour les archives de la poste. C’est là que je suis allé chercher ma lettre P, à la cote PV49 aux archives départementales du Loir-et-Cher.
La vie de Georges Marcot est exemplaire à tous points de vue. Pourtant, à la fin de sa vie, il va se voir refuser une distinction largement méritée, parce qu’il ne manifeste pas les opinions politiques en vigueur à ce moment-là. Effacés ses états de service irréprochables, ses années de guerre, son héroïsme et son devoir sous l’occupation !! Il ne reste qu’une liberté de pensée chèrement payée.
Georges Marcot est né le 25 novembre 1831, à Paris, sous de sombres hospices puisqu’il est né de père inconnu et de Georgette Marcot, qui l’abandonne dès sa naissance (numéro de registre 5087). Il part au service militaire pour cinq ans, cinq années qui vont le mener jusqu’en Crimée, comme caporal au 80e régiment de ligne. Pour cela, il a reçu la médaille de Crimée et les agrafes de Sébastopol.
Il entre à l’administration des postes le 1er avril 1859. Le 5 juillet 1859, il est facteur rural à Montrichard, lorsqu’il se marie avec Madeleine Aubry, à Bourré. Il va ensuite être facteur rural à Montoire durant trente-quatre longues années. Son fils, Georges Léon, naît le 24 mars 1860, à Montoire. Sa fille, Georgine Angéline, nait à Montoire, le 26 mars 1863. Georges est nommé courrier auxiliaire de Sargé à Tours, le 16 octobre 1864 (je suppose, car indiqué 1894 dans son courrier). Le 16 mai 1867, à Montoire, naît sa fille Geneviève Eulalie
Et c’est la guerre de 1870.
Le 9 février 1871, le maire, Mr Debourge, lui demande un service, un énorme service : porter à Blois le procès-verbal des élections. Pour cela, il marche toute la nuit, rencontrant des prussiens à plusieurs reprises. Il arrive à la préfecture de Blois à huit heures du matin. Il a traversé le Loir à onze heures du soir avec mille six lettres qu’il a été chercher aux Hermittes. Il est fier de ce qu’il a accompli durant la guerre.
Le 24 septembre 1884, il paye un lourd tribut à son pays. Son fils, Georges Léon, 1er sapeur au 1er régiment du génie, décède à l’hôpital militaire de Versailles.
Georges est en droit d’obtenir la médaille des postes, pour ses années de service et le travail accompli. Sauf que l’on n’accorde pas une médaille comme cela, une enquête est ouverte et des renseignements sont demandés sur lui.
Le 19 décembre 1894, la lettre du préfet du Loir-et-Cher est implacable d’injustice : “j’ai l’honneur de vous faire connaître que Mr Marcot est d’une honorabilité parfaite, mais que, tout en faisant son service d’une manière irréprochable, il affiche ouvertement son hostilité vis à vis des institutions républicaines. Dans ces conditions, je me vois empêché de donner un avis favorable sur cette proposition.”
Il n’aura pas la médaille du travail bien fait parce qu’il fait bien son travail mais, n’est pas républicain !!! Cherchez l’erreur. De nouvelles demandes de renseignements sont émises en 1896, avec toujours la même remarque : non républicain.
Georges persiste néanmoins et dans un courrier du 5 novembre 1897, adressé au préfet du Loir-et-Cher, il expose sa carrière et sa demande. Quelle réponse a-t-il obtenu ? ce n’est pas indiqué dans son dossier.
Georges décède le 22 octobre 1898 à Montoire.