Je me souviens, dans mon enfance, de la foire de Blois appelée « les quatre jours de Blois ». Sur la grand-pièce, aujourd’hui place de la République, largement rétrécie par la construction de la médiathèque, les exposants exhibaient de tout : le matériel de camping avec les tentes et caravanes, le matériel agricole avec les tracteurs, et bien d’autres choses encore. Le sport favori des enfants que nous étions, était de passer de stand en stand pour récupérer les précieux autocollants publicitaires.
Cette foire a été délocalisée, puis a périclité tout doucement à mesure que le « progrès » rendait ces expositions de matériel sans intérêt.
Que reste-t-il aujourd’hui ? Le marché de Noël crée au XXIe siècle, les braderies de Centre-Ville où les camelots s’étalent sur les trottoirs, aux dates stratégiques du commerce, la brocante, le premier dimanche du mois sur le mail.
Après avoir pratiquement « tué » les foires et marchés, les villes les réinventent, comprenant peut-être enfin le lien social qu’ils créaient.
Qu’en était-il dans le passé ?
Ces foires et marchés étaient le seul moyen, pour les campagnes, de vendre à la ville, et pour la ville, de se réapprovisionner.
Les cartes postales anciennes montrent des foires et marchés sur diverses parties de la ville, en fonction de ce qui était vendu. Quelques endroits en gardaient encore, il y a peu de temps, des noms évocateurs comme « place du marché à la filasse », « place du marché au beurre ».
En décembre 1849, les foires de Blois étaient au nombre de sept :
- Le 1er samedi de janvier, suite à l’ordonnance du 29 mars 1834, pendant une journée, foire aux bestiaux, peu importante,
- Le 1er samedi d’avril, suite à l’ordonnance du 29 mars 1834, pendant une journée, foire aux bestiaux, peu importante,
- Le 24 juin, suite au décret du 22 Messidor XII, pendant une journée, foire aux bestiaux assez importante, surtout pour les bêtes à cornes,
- Le 2e samedi de juillet, suite à l’ordonnance du 4 avril 1834, pendant une journée, foire aux laines, peu fréquentée,
- Le 25 août, suite au décret du 22 Messidor XII, pendant onze jours, foire aux marchandises de toutes espèces et le 1er jour, les bestiaux. C’est la foire la plus importante de la ville. Il s’y vend des étoffes, de la quincaillerie, de la mercerie, etc.
- Le 1er samedi d’octobre, suite au décret du 22 Messidor XII, pendant une journée, foire aux bestiaux, principalement pour les moutons, peu importante,
- Le 6 décembre, suite au décret du 22 Messidor XII, pendant une journée, foire aux bestiaux, principalement pour les porcs, importante
Ces foires existaient toujours le 1er janvier 1886, avec des dates légèrement modifiées : tous les 1ers samedis de chaque trimestre et les 24 juin et 6 décembre de chaque année, c’étaient des foires aux bestiaux. La grande foire du 25 août dure toujours 11 jours.
A ces dates, il fallait ajouter, tous les samedis de chaque semaine, le marché, qui existe toujours le même jour.
Durant les foires aux bestiaux, étaient vendus les bestiaux pour la boucherie et pour l’agriculture : chevaux, mulets, ânes, moutons, porcs, chèvres, bœufs, vaches, veaux, etc.
Sur les marchés étaient vendus les grains et denrées d’alimentation de toutes sortes (beurre, fromage, fruits, volailles, etc.).
Les foires et marchés commençaient à midi et se terminaient à six heures du soir l’hiver, huit heures l’été.
Les marchés aux grains, sous la halle, étaient peu importants. Ils étaient même en décroissance depuis que les transactions sur les grains se faisaient sur échantillons.
Aujourd’hui, la Halle aux Grains est devenue centre de culture et théâtre. La grand-pièce où s’exhibaient le bétail, est devenu en partie un parking sur lequel se tient un bout du marché, et une médiathèque. Malheureusement, les maraîchers locaux sont de moins en moins nombreux à venir sur ce marché. Heureusement pour eux, ils ont trouvé d’autres filières de vente.
Les choses changent, c’est le cours normal des choses, mais je garde des souvenirs heureux des jours de marché. L’enfant de la ville que j’étais, pouvait y voir des poules (en vrai), des légumes de toutes sortes, sentir des odeurs nouvelles, entendre le patois de la campagne.
Foires et marchés étaient des lieux de commerce, mais aussi des prétextes à rencontres, discussions animées, petit tour au bistrot. Il s’agissait des réseaux sociaux de l’époque, lieux de potins et de commérages, de nouvelles annoncées et d’annonces d’évènement futurs.