Juste un acte – La face en l’air et les pieds dans l’eau

Nouan sur Loire climat de la Roche

Le “Juste un acte” du jour porte encore sur un décès, mais cette fois en 1812. La date du décès, tout comme l’identité du mort sont un mystère qui, à priori, n’a pas été élucidé.

Le 8 mai 1812, à 6 heures du matin, Louis Joseph Bodin de Boisrenard, maire de la commune de Nouan-sur-Loire est informé, par la clameur publique, qu’un homme mort a été trouvé sur le bord de la Loire, au climat de la Roche.

J’aime bien cette expression “la clameur publique”. Aujourd’hui, le maire découvrirait probablement la photo du corps sur Twitter, la clameur publique du XXIe siècle.

Suivant la clameur publique, le maire requiert Paul Jaquin, garde-champêtre, François Sylvain Grimault, tonnelier et Claude Omer Bouquin, maréchal, de l’accompagner sur les lieux, pour vérifier la véracité de l’information.

Le climat de la Roche est tout près du bourg, les hommes sont rapidement sur les lieux. 

Ils y trouvent un homme, mort, ayant la face en l’air et les pieds dans l’eau.

Qui est-ce ? Visiblement, la mort n’est pas récente. Il n’y a pas de chapeau sur la tête, ce qui n’est pas étonnant. Habitués aux morts noyés retrouvés sur les bords de la Loire, le maire date approximativement le décès à plus de deux mois. Le chapeau, s’il en avait un, doit déjà être arrivé à Nantes.

Le défunt semble âgé d’environ quarante ans. Il n’a ni cheveux, ni sourcils et juste une moitié de barbe sur le côté droit, à priori brune. Le visage n’est pas identifiable. Elle est totalement décomposée, mais le maire note quand même une cicatrice au côté droit de la bouche, d’environ 19 mm de longueur, semblant ancienne.

Le corps mesure à peu près 1.52 m. Il porte deux mouchoirs autour du col, de fil bleu, l’un rayé rouge et l’autre rayé gris. Il est également vêtu d’une carmagnole de gros drap bleu, un gilet de panne rouge, avec des boutons de la même étoffe et un autre gilet de toile blanche, à boutons d’acier, un pantalon de ? gris blanc, une chemise de toile ordinaire. Il n’a ni bas ni guêtre, et seulement un soulier à cordon au pied gauche.

Ses poches sont vides : ni couteau, ni mouchoir, ni rien de ce que les hommes ont, ordinairement, dans leurs poches.

Maintenant que le corps a été décrit et fouillé, que faut-il en faire ?

Il est dans un état de putréfaction tel que les membres du cadavre se séparent du corps, les vêtements sont pourris. Impossible de le transporter en l’état, sans compter les risques que cela ferait courir au village. Les épidémies ont durablement marqué les esprits.

Le maire le fait enterrer sur place, sur la grève de la Loire, avec ses hardes. C’est Joseph Laguzé, journalier, qui est chargé de creuser la fosse, immédiatement.

Il ne reste plus, au maire, qu’à rentrer à la mairie, pour rédiger son procès-verbal de découverte de corps. Il ne dresse pas d’acte de décès, mais se contente de joindre le procès-verbal au registre de l’état civil.

Nouan sur Loire 1812 D Inconnu-1

 

Nouan sur Loire 1812 D Inconnu-2

Vous avez vu, j’ai mis un “?” sur le tissu du pantalon. Moi, je lis “loup gris” blanc, sauf que rien, dans mes dictionnaires, n’explique cette matière.

Et vous ? Vous avez une idée ?

 

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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