Juste un acte – une partie du foie, un peu de cervelle et quelques petits os

Confinement oblige, je me suis attelée à une tâche repoussée depuis des années, et années après années, trier, classer, scanner, jeter, les tonnes de photos et de négatifs qui se sont accumulés dans des boîtes un peu partout dans la maison.

J’ai décidé de jeter toutes les photos et tous les négatifs d’actes anciens, puisqu’ils sont en ligne. Et, je l’avoue humblement, dont beaucoup sont un tantinet flou ou mal cadrés ou trop sombres.

Pour ces actes anciens, je ne peux pas m’empêcher de les relire, pour certains et j’y retrouve des perles, ou des curiosités, ou des jolies choses, que je vais partager avec vous, dans des courts billets sur le thème “juste un acte”.

Le premier de la série porte sur un acte d’inhumation de Villetrun, dans le Loir-et-Cher, en 1750. Il s’agit de l’inhumation de la petite Angélique Corbin, âgée de deux ans.

Villetrun 1750 D Corbin Angélique

 

 

L’acte n’est pas joli, il est même plutôt sinistre.

Guimanderie

Le 16 septembre 1750, au soir, la petite Angélique Corbin, deux ans, vêtu d’une simple chemise, est prête à être mise au lit.

Elle est sur le pas de la porte, juste après l’angélus, dans le bourg de Villetrun.

La maison est proche de la Guimanderie, vis à vis de l’ancienne grange aux dîmes.

La maison appartient aux héritiers de Julien Malepert, décédé le 29 mars 1738.

Aujourd’hui, il reste un chemin de la Guimanderie, dans le bourg de Villetrun.

Que lui est-il arrivé ? Le curé dit qu’elle a été prise !! Par qui, par quoi ?

Tout ce que l’on sait, c’est que les restes de son corps ont été retrouvés dans un guéret, aux closets, proche du village de Villarceau.

Villetrun IGN

Je dis bien les restes, car tout ce que le curé va enterrer, dans le cimetière de la paroisse, c’est une partie du foie, un peu de cervelle, et quelques petits os, le tout gros comme le poing.

Elle a probablement été identifiée grâce à sa chemise, qu’elle portait pour aller au lit, ainsi que, ce que je lis comme, cornette et bas.

Visiblement, un bête féroce, loup ou chien sauvage, l’a dévorée. Mais l’animal était bien audacieux, pour entrer dans le bourg et s’attaquer, sur le pas de la porte même, à un être humain, certes sans défense et de très petite taille, mais quand même.

Le bourg de l’époque devaient être bien garnis, à cette heure-là, d’humains et de chiens de garde. Nous sommes à la mi-septembre. Il est à peu près 18 ou 19  heures (angélus du soir), il doit faire encore jour, et bon, au point que l’enfant est sur le pas de la porte. 

Attraper l’enfant, l’emporter sur près d’un kilomètre, pour la dévorer tranquillement dans un guéret, c’est effrayant !!!

Étonnamment, rien dans l’acte ne parle de bête féroce ou de loup.

Le curé a-t-il eu un doute ? L’homme était-il derrière cet enlèvement, les animaux ne s’étant que chargé de nettoyer le crime ?

Je n’ai pas de réponse, mais j’imagine bien qu’aucun enfant n’a dû traîner le soir, dans le bourg, après cela, pendant longtemps.

 

Christine LESCENE
Christine LESCENE

Généalogiste professionnelle depuis 1993 - formatrice en généalogie professionnelle depuis 1995 - Généa bloggeuse depuis 2008

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2 commentaires

  1. Ce curé a été honnête, ne décrivant que ce qu’il a vu. Souvent, dans ce genre de cas, c’est le loup ou “la bête” qui est accusé. Et c’est malheureusement repris de nos jours par la plupart des historiens pour qui le loup reste une sorte de diable ! Par contre, un cadavre abandonné dans la nature est systématiquement “nettoyé” par toutes sortes d’animaux détritivores, loups, renards, chiens, cochons etc.. Si le sujet vous intéresse voir “drôles de loups et autres bêtes féroces” et ‘traces de loups” (voir ma page facebook . J’en profie pur vous féliciter de vos posts, toujous très intéressants et documentés !

  2. Merci de votre commentaire. Oui, le loup a le dos large, encore aujourd’hui. Je vais me promener sur votre page facebook.

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