Avant de poursuivre l’histoire des exécuteurs de Blois, faisons un petit tour chez les Herisson. Cette famille, très prolifique, est une des dynasties de Bourreaux de France et elle est liée à pratiquement toutes les familles de bourreaux du pays.
Commençons par Philippe Herrisson, né à la fin du XVIe siècle. Maître des hautes œuvres de Senlis, dans l’Oise, il va se marier trois fois et avoir au moins douze enfants.
Son fils, Jacques, sera bourreau de Clermont, Compiègne et Senlis.
Son fils, Jean, sera bourreau de Montargis et son petit-fils, Georges, bourreau de Montargis et Melun et époux de Gabrielle Berger, nièce de Jean Berger, bourreau de Blois. D’ailleurs, l’arrière-petite-fille de Georges épousera Joseph Doublot, le bourreau de Blois.
Sa fille, Marguerite, épousera Louis Berger, frère de Jean, notre Berger à nous, cité plus haut, époux d’Elisabeth Henault.
Sa fille Marie, épouse Louis Desmorest, dont l’arrière-petite-fille, Marie Anne Elisabeth Desmorest, sera la femme de Joseph Doublot, exécuteur de Blois succédant à François Trémont.
Intéressons-nous maintenant à Jacques, le fils de Philippe, qui prend la succession de son père comme maître des œuvres de Senlis. Il va avoir onze enfants (au moins), dont François, qui prendra sa suite dans le métier et dans la ville. Lui-même aura vingt enfants (quand je vous disais que les Herisson étaient prolifiques).
Sur les vingt, Marie Jeanne épousera notre François Trémont, Marie Louise vivra avec sa sœur Marie Jeanne et son mari, à Blois.
Autant dire que pour étudier des implex, rien ne vaut une famille de bourreau et rien ne vaut la famille Herisson. Et ce n’est pas fini !!
Une chose est sure, la place de bourreau ne saurait être vacante. Lorsque le tenant de la charge décède, si ses fils ne sont pas en âge (ou en place) pour lui succéder, ce sera un gendre, et s’il n’y a pas de gendre, ce sera le nouvel époux de sa veuve. Les nouveaux époux sont bourreaux eux-mêmes et viennent parfois de loin pour reprendre la charge.
Ces familles nous font ainsi voyager en France, de la Normandie à la région parisienne, de la région centre à l’est du pays.
Par contre, si j’ai trouvé des Herisson alliés à pratiquement toutes les familles d’exécuteur, de même que des Berger, des Desmorest, des Trémont, je n’ai pas trouvé de Robert.
Il semble que la lignée mâle de notre dynastie blésoise se soit éteinte au profit des femmes.
Pour ce qui est de la transmission de la charge, l’excellent livre de Jacques Delarue, « le métier de bourreau », nous explique que les exécuteurs faisaient provisionner leur fils, dès leur plus jeune âge, pour qu’ils soient assurer de prendre sa suite. S’ils étaient mineurs au moment de la mort du père, se sont les valets, les tuteurs ou les oncles qui prenaient la suite, temporairement, jusqu’à ce que l’enfant puisse exercer à son tour. Une grande solidarité, née de la nécessitée, existait au sein des familles de bourreau.
Lorsque le bourreau de Pontoise, Jean Baptiste Carlier, mourut en 1741, son fils, déjà provisionné n’avait que un an. Sa mère fit venir son frère, François Charles Gabriel Ferey, exécuteur de Pont-Audemer, pour assurer la charge jusqu’à sa majorité.
Devenu adulte, le fils de Jean Baptiste prendra à son tour, en charge, les trois enfants orphelins de ses cousins, bourreaux de Caen.
Cela explique les multiples mariages des Elisabeth et le fait que la charge soit restée dans la famille, par le biais des alliances. Et ce n’est pas fini, mais la suite est pour demain.