Ma grand-tante Jeanne, a épousé un soldat de l’armée belge, en 1918, à Sanvic. Le jour-même, sa cousine épousait également un soldat de l’armée belge. Ce n’est pas anormal, sachant que le gouvernement belge s’était installé à Sainte-Adresse. Je me suis demandée, combien de soldats belges s’étaient mariés, cette année-là, à Sanvic. Et de fil en aiguille, je me suis demandée combien de soldats, s’étaient mariés, cette année-là, et ce qu’ils étaient devenus. Alors j’ai commencé à dépouiller l’année 1918.
Cette année-là, quatre-vingt-six couples ont convolés en justes noces, à la mairie de Sanvic. Parmi eux, des français, des belges, des anglais et même un australien. Onze de ces mariages ont lieu après l’armistice du 11 novembre.
Sur ces quatre-vingt-six hommes à se marier, seuls onze ne font pas ou n’ont pas fait la guerre. Six ont été exemptés, un est trop jeune et quatre sont trop vieux et le dernier est espagnol.
Tous les autres, les soixante-et-onze autres, connaissent l’enfer de la guerre. Quatre d’entre eux ont été réformés après avoir été blessés au front, dont un est amputé de la jambe.
Les soixante-sept hommes toujours sous les drapeaux sont français (45), belges (19), britanniques (6) et australien (1).
Les français se répartissent entre pratiquement autant de régiments différents, avec quatorze dans l’infanterie, onze dans l’artillerie, huit dans l’artillerie lourde, quatre dans la marine, deux dans le génie, et les derniers, un de chaque, dans les chasseurs à cheval, à pied, le CAO, les tirailleurs algériens, les infirmiers, l’aviation.
Pour l’instant, il ne s’agit que de chiffres. Si je regarde d’un peu plus près, je vois que sur les dix-neuf belges qui se marient à Sanvic, dix épousent des normandes, six épousent des belges, un épouse une suisse, un épouse une femme de Meurthe-et-Moselle, et un épouse une bordelaise. Les six britanniques et l’australien épousent des normandes.
Et l’humain au-delà des chiffres ? Je ne peux pas tous les citer, cela déborderait d’un simple article de blog, mais en voici quelqu’un :
Le 5 janvier, Charles François Yves Grall, premier groupe d’aviation, né au Havre, épouse Anna Marguerite Leudet, née à Corbeil. Le mariage ne survivra pas longtemps à la guerre. Il est dissout par jugement de divorce, le 5 juillet 1925, à Montargis (45).
Le 30 mars, Henry Joseph Jacqueline, mobilisé au 11e régiment d’artillerie de campagne, né à la Remuée (76), est sensé épouser Marie Louise Savalle, née à Bléville. L’acte rédigé à l’avance est annulé, les parties ne s’étant pas présentées. Le 11 mai, ils sont là, et se marie réellement.
Le 5 avril, Alexandre Marius Léon Chanry, décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre, 11e régiment d’artillerie, blessé le 28 juin 1917, amputé de la cuisse gauche, né à Beaurepaire (76), épouse Pauline Augustine Blanche Guerrand, née à Anglesqueville l’Esnival (76).
Le 27 avril, Eugène Henri Fernand Hemery, né à Sanvic, 93e régiment d’infanterie, épouse Louise Marie Chervel, née au Havre. Il est mis en congé le 24 mai 1918 pour gêne à la marche suite à fracture compliquée de la jambe droite par éboulement du 8 avril 1917. Après-guerre, il part aux Etats-Unis, où il sera naturalisé américain, le 25 août 1939.
Le 10 août, Jacques Denis Abel Loriot, né au Havre, réformé le 23 novembre 1915 après avoir été blessé par balle, le 28 septembre 1914 au 378e régiment d’infanterie, épouse Léontine Marguerite Thieullent, née à Gonfrevelle-la-Mallet (76). Croix de guerre étoile de bronze.
Le 14 août, Marcel Berckmans, soldat de l’armée Belge, né à Paris 12e, résident rue Thiers, 71, au Havre, épouse Jeanne Yvonne Le Tual, née à Plougasnou (29), ma grand-tante.
Le 14 août, Erasme Philippe Vandamme, soldat de l’armée belge, né à Seraing, résidant à Sainte-Adresse, quartier des phares, épouse Marie Hyacinthe Jeanne Le Tual, née au Havre, cousine germaine de Jeanne Yvonne.
Le 21 septembre, Jean André Eugène Exmelin, voilier, né à Sanvic, le 4 avril 1900, épouse Madeleine Juliette Joy, née à Rouen. Il a dix-huit ans et n’est pas encore mobilisé. Il décède à Sanvic, le 2 mars 1919.
Le 1er octobre, Laurent Luttenauer, né à Niedersteinbrunn, quatre-vingt-deux ans, épouse Joséphine Eugénie Alice Julienne, trente-six ans, née au Havre.
Le 2 novembre, Marcel Joseph Lebaillif, mobilisé au 8e régiment de chasseurs à cheval, né la Poterie-Cap-d’Antifer (76), épouse Léontine Marthe Translin, née à Notre-dame-du-Bec (76).
Le 2 novembre, Eugène Alexandre Translin, mobilisé au 205e régiment d’infanterie, frère de Léontine Marthe, né à Notre-dame-du-Bec, épouse Gabrielle Rachel Crochemore, née à Gerville (76).
Le 19 novembre, François Joseph Labeau, capitaine commandant au 11e régiment de ligne de l’armée belge, résidant à Sanvic, né à Forest (Belgique), épouse Marie Hortense Clotilde Isabelle Pauvret, née à Bordeaux.
Le 28 décembre, Henri Pierre Louis Lemarchand, décoré de la croix de guerre, né au Havre, épouse Juliette Marie Guilleminault, née à Vaujours (93). Il a été blessé par balle dans l’Aisne et à Verdun et a été réformé le 26 juillet 1916.
Tout cela, c’est uniquement pour 1918 et à Sanvic. Si j’avais le temps, je regarderais sur toute la guerre et sur Sainte-Adresse, Le Havre, Graville-Sainte-Honorine, pour savoir combien de soldats belges s’y sont mariés.
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