Vous exercez le métier de généalogiste familial professionnel dans un coin de la France. Un de vos clients vous demande un devis pour des recherches dans un autre coin du pays.
Deux options s’offrent à vous :
- Faire un calcul précis et rigoureux de la dépense provoquée par les frais de déplacement : essence, hôtel, restauration, autoroute, parking et l’ajouter à votre devis.
- Sous-traiter la recherche à un collègue implanté dans la région recherchée.
Si vous choisissez l’option 1, vous avez trois risques.
Le premier est de sous-évaluer la dépense. Impossible de demander une rallonge au client, vous devez y être de votre poche.
Le second est de gonfler dans des proportions non négligeables, le devis final, faisant parfois passer les frais de recherches pour l’argent de poche des frais de déplacement et rebuter le client.
Le troisième est lié à la recherche même : nous ne sommes pas aussi performants dans un territoire inconnu que dans notre territoire. Excepté si vous connaissez parfaitement bien les dépôts d’archives où chercher, vous risquez de passer à côté de pistes locales intéressantes, permettant de passer outre des lacunes. Vous risquez de perdre du temps et le temps, c’est le client qui le paye, à moins que vous soyez prêt à rester un jour de plus de votre poche, pour compenser cet apprentissage.
Si vous choisissez l’option 2, vous allez devoir procéder avec ordre, méthode et rigueur.
Exemple d’une journée de recherches.
Première étape : demander un devis au collègue pour pouvoir l’intégrer dans votre propre devis. Imaginez, si vous mettez la charrue avant les bœufs : vous demandez 400 € au client pour une journée de recherches et vous devez payer 500 € au collègue.
Et pourquoi pas demander un devis à plusieurs collègues sur place.
Seconde étape : vous vous êtes mis d’accord avec votre collègue. Il vous a peut-être même concédé une remise puisqu’il n’a aucune mise en forme et aucune analyse de document à faire. Il doit juste faire la recherche et vous envoyer les photos. Vous allez lui indiquer exactement les documents que vous souhaitez le voir chercher.
Même si vous connaissez bien ce collègue, savez-vous comment il travaille ? Travaille-t-il comme vous ? Va-t-il chercher les mêmes documents que vous ? Sait-il seulement comment les chercher ?
Drôle de phrase me direz-vous ? Croyez-moi, dans ce métier, il y a de tout. Certains s’installent comme généalogiste professionnel sans avoir jamais mis les pieds dans un dépôt d’archives. Ils s’imaginent que le métier, c’est uniquement recherches les actes BMS et NMD, depuis son bureau, via internet ou en écrivant aux mairies. Il vaut mieux prendre les devants.
Vous savez (parce que vous vous êtes renseigné) que votre collègue peut consulter 12 documents dans la journée. Vous lui indiquez les 12 documents que vous souhaitez qu’il consulte pour vous. Comme cela, pas d’erreur.
Exemple :
- Droits de celés volume 45 case 1478 du canton de Chouette avant 1940 (un document)
- DS de Louis Gustave Durant décédé le 4/8/1935 à Hibou canton de Chouette (deux documents)
- Tutelle des enfants de Louis Gustave Durant après son décès (un document, peut-être deux si la tutelle est faite l’année suivante)
- Contrat de mariage de Louis Gustave Durant le 4/4/1910 devant maître Gaspard (ou ACP si l’acte n’est pas déposé aux A.D.) (un document)
- Recensement militaire de la classe 1908 de Louis Gustave Durant (un document)
- Inventaire après décès de Paul Durant le 4/9/1895 devant maître Gontran (un document)
- Feuillet cadastral de Louis Gustave Durant et Paul Durant dans la commune de Hibou (au pire cinq documents si le collègue ne sait pas négocier avec les archives)
Si le professionnel vous répond qu’il ne sait pas de quoi vous parlez, pour tout ou partie, ou qu’il ne sait pas où chercher, à vous de voir.
Option 1 : cherchez quelqu’un d’autre, mais y-a-t-il quelqu’un d’autre ?
Option 2 : vous lui expliquez comment faire. Après tout, vous aussi, avez dû apprendre cela un jour. Et cela pourrait déboucher sur une belle « amitié » professionnelle.
Au moins, de cette façon, vous êtes certain d’avoir les documents que vous auriez cherché vous-même, ou la preuve qu’ils n’existent plus (photo des inventaires comme preuve).
Si vous demandez une journée de travail sur Louis Gustave Durant, sans précision, vous allez certainement être déçu. Evidemment, vous pouvez vous expliquer au téléphone, mais rien ne vaut ce qui est écrit. Vous connaissez l’adage : les paroles s’envolent, les écrits restent.
Vous pouvez même ajouter les photos que vous voulez : juste le document indiqué ou avec celui d’avant et celui d’après, histoire de ne rien rater ?
En cherchant le contrat de mariage et l’inventaire après décès, photographier tous les actes concernant la même famille, s’il y en a dans la liasse.
En ce qui concerne les feuillets cadastraux, prendre également les folios des propriétaires antérieurs et postérieurs du bâti, ou de toutes les parcelles.
Plus vous êtes précis, plus vous facilitez le travail de votre collègue, plus vous obtenez ce que vous cherchez.
C’est la garantie d’une bonne sous-traitance, comme le fait de régler la facture du collègue dès réception et non d’attendre que votre client vous ait payé.