S’il est une chose qui différencie l’homme de l’animal, c’est le feu. L’homme utilise et maîtrise le feu. Enfin, la plupart du temps, car le feu est également un danger pour l’homme, aujourd’hui, comme autrefois.
Mais si, aujourd’hui, les dangers du feu sont relativement limités, autrefois, ils étaient omniprésents : l’éclairage à la bougie ou à la lampe à pétrole dans des maisons à structure de bois, des fumeurs de pipe dormant dans grange à foin, des foyers constamment alimentés pour se réchauffer ou cuire les aliments.
Le feu était une cause de mortalité non seulement pour les adultes, mais encore plus souvent pour les enfants.
Joseph Letort (Letaur) et Marie Françoise Alloin se sont mariés à Areines, le 19 mai 1873. Ils profitent de leur mariage pour légitimer Eugène, né à Naveil, le 5 mars 1872. Le couple s’installe au lieu-dit le Devaloir où naît un premier enfant, Joseph Pierre, l’année suivante.
Le mois de mars 1875 sera un mois terrible pour les parents. Le petit Joseph décède le 6 mars, ayant tout juste fêté sa première année.
Le 28, un peu avant 9h30 du matin, Joseph quitte la maison pour se rendre à Vendôme. Juste après, Marie Françoise part à son tour, laissant le petit Eugène, trois ans, seul à la maison.
Combien de temps est-il resté seul ?
Le rapport de gendarmerie ne l’indique pas, mais l’acte de décès indique 11 h pour sa mort.
Est-ce l’heure à laquelle le médecin a déclaré officiellement le décès ou l’heure à laquelle sa mère l’a trouvé en rentrant chez elle ?
Ce qui est certain, c’est que, de retour dans sa maison, Marie Françoise trouve son fils mort, brûlé, dans la cheminée.
Elle a la force de sortir son enfant du foyer et de le coucher dans son lit, avant d’appeler à l’aide et de s’écrouler de chagrin.
En moins d’un mois, elle vient de perdre deux enfants, ses deux premiers enfants.
Pendant que son voisin, Jacques François Cornilleau, marchand chiffonnier de son état, informe les gendarmes du drame, les voisines, une des filles de Jacques François, et Marie Louise Gaudas, veuve Noulin, se rendent auprès de la pauvre mère pour lui prodiguer un peu de réconfort.
C’est là que les gendarmes la trouve, couchée dans son lit, incapable de prononcer le moindre mot. Le mari prévenu du drame a envoyé chercher le docteur Soubise. Trop tard pour l’enfant, dont il rédige le certificat de décès, mais pour soigner la femme. Le corps du pauvre enfant est carbonisé.
Après avoir entendu le témoignage des voisins, les gendarmes concluent à un accident attribué à la négligence des parents.
Des accidents de ce genre, il y en avait malheureusement beaucoup, en ce temps-là.
L’année finira mieux qu’elle n’a commencé pour la famille, qui verra naître une petite Marie Louise, le 13 octobre.